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Atelier biblique sur la violence religieuse : des questions pour le monde d’aujourd’hui

| ARTICLES ET REPORTAGES |

| Par Suzanne Grenier |

 

En notre ère de débats surchauffés, et devant le fréquent cul-de-sac des opinions, la tradition protestante de lecture en commun de la Bible offre des pistes pour mieux réfléchir et dialoguer.

Le samedi 19 janvier, une vingtaine de personnes ont bravé le froid extrême et pris part à un atelier biblique animé par le théologien Paul-André Giguère, à l’invitation de l’Église Unie St-Pierre et Pinguet. L’activité avait lieu dans le cadre de la Semaine de prière pour l’unité des Chrétiens. De fait, elle a rassemblé une diversité de personnes de tous les âges, y compris plusieurs laïcs, s’identifiant ou non à une confession chrétienne particulière.

L’animateur a favorisé une réflexion commune sur la violence religieuse en procédant par étapes : intitulée « une hydre aux mille têtes », une période d’échanges spontanés à partir des perceptions qu’ont chacun et chacune de la nature et des causes de cette violence; puis un cheminement à travers le Premier livre des Rois et ses chapitres 17, 18 et 19, connus comme étant le récit d’Élie au Carmel. Paul-André Giguère a choisi ces chapitres parce qu’ils comportent des passages très violents. Au nom de Yahvé, le prophète Élie y fait massacrer 450 prophètes du dieu cananéen Baal. Toutefois, cela n’est pas à prendre au pied de la lettre, expliquera le théologien.

 

Cette violence autour de nous et en nous

D’emblée, le thème de la violence religieuse évoquait différentes images chez les personnes présentes. Celle du terrorisme, certes. La violence physique qui frappe au nom de différentes religions ou qui vise leurs adeptes. Celle de la conversion forcée, faite au nom de la foi et de la Vérité, parfois à l’égard de populations entières. A refait aussi surface le souvenir du catholicisme teinté de jansénisme qui, de génération en génération et jusqu’à tout près de nous, a insufflé un certain autoritarisme au sein des familles québécoises de souche francophone. La religion, on le constate, se mêle aux autres aspects de la culture. Dans notre monde d’aujourd’hui, la stigmatisation et l’exclusion dont sont l’objet certaines personnes ou communautés, par exemple celles qui s’identifient comme LGBTQ, comptent aussi comme de la violence, et celle-ci est parfois associée à une morale religieuse. Il y a enfin cette constatation d’une violence qui se trouve en chaque personne et dont nous devons prendre conscience.

 

Un souffle ténu au-delà des combats

Pédagogue et érudit, le théologien a fourni quelques clés – répondant aux questions « Où? Quand? Qui? Quoi? » – pour permettre au groupe d’entrer ensuite dans le récit. On apprend entre autres que l’histoire se déroule dans le royaume d’Israël, qui couvre une partie de la Palestine et la rive est du Jourdain, sous le règne du roi Achab, entre 875 et 853 avant Jésus-Christ. La population de ce royaume est mixte : les Israélites qui s’y sont installés vers le XIIe siècle y vivent à proximité des premiers occupants, les Cananéens. L’économie y est essentiellement agricole. Une tension religieuse existe entre deux univers spirituels : l’un qui porte vers la nature, l’autre qui accorde priorité à l’histoire et au code moral. Tous partagent néanmoins la conviction que rien d’essentiel n’arrive qui ne soit causé par la divinité, que l’on peut et doit toutefois influencer par des rites.

Pendant deux heures, les détails du texte ancien et sa construction dramatique ont offert leur mystère, provoqué des interrogations et produit des résonances. L’éclairage qu’il fournit n’est pas toujours direct par rapport aux préoccupations actuelles des personnes venues étudier les passages bibliques. L’exercice même d’interprétation aura cependant favorisé un mode d’échange qu’on pourrait dire enrichi – par la perspective historique, par l’activation de la conscience analytique et par ce que portent les Écrits. Paul-André Giguère en retient un message qui pourrait nous guider : « Quand la parole du Seigneur est adressée au prophète, c’est toujours pour essayer de l’arracher à ce monde du pouvoir pour l’amener dans le monde de l’humilité, dans le monde de la fragilité. »


La documentation de l’Église Unie explique dans quelle optique la tradition protestante accorde une place centrale à la lecture, à l’interprétation et à la méditation de la Bible. La pertinence de cet exercice y est ainsi résumée : « En matière d’éthique, la Bible ne fournit pas de recettes toutes faites, applicables aux domaines politiques, sociaux, scientifiques. Elle invite plutôt à un dialogue : avec Dieu, avec notre conscience, avec les autres, avec le monde dans lequel nous vivons. »


 

2Réponses

  1. Nicole Hamel says:

    J’étais déçue de manquer cette atelier. La combinaison article et vidéo m’a donné quelques indications nourrissantes. Merci

  2. Daisy Schneeberger says:

    Même en ayant assisté <a l'atelier biblique ,c'est bon de revivre un petit rappel à travers
    l'article de Mme Suzanne Grenier dans Crédo et le petit vidéo avec les commentaires de Paul-André.Merci de nous mettre out ça accessible.

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