Une nouvelle année s’ouvre devant nous. Ce soir, c’est la pleine lune. Le ciel est clair et dégagé. Les étoiles scintillent avec leurs lumières dont les clignotements appellent à regarder loin au-delà, invitent à élever le regard. Avec la neige partout enveloppant les arbres, les maisons, la terre sous les pieds, tout brille d’une douce lumière. Cela me ramène à ce poème Maya entendu dans un village de l’Altiplano, au Guatemala à un moment terrible de son histoire « la lune en dehors, un rêve en dedans ».
Cette année du centenaire de notre Église soulève nos rêves et porte notre espérance d’un monde nouveau. Est-ce encore possible de rêver et d’espérer aujourd’hui dans un monde où l’hydre des forces belliqueuses, les violences de la guerre, la haine ouverte ont pignon sur rue ? De nouveau, les Noirs, les immigrants, les appauvris, les minorités diverses deviennent des cibles d’ostracisme et de discrimination qui ne sentent plus le besoin de se cacher. L’isolement et la désolation dans notre société deviennent l’ordinaire de beaucoup.
Depuis le début de l’année, je suis allé aux funérailles de deux personnes, deux jeunes, morts tout seuls ; l’un dans sa chambre à la veille de fin d’année retrouvé deux jours plus tard, l’autre dans la rue sous la neige le 24 décembre. « Faits divers » devenus récurrents dans notre société qui vit une explosion du nombre de sans-abri, d’itinérants, et de personnes isolées. Comment espérer ? Dans un monde où l’angoisse et le désarroi semblent devenir la norme, où tant de déroutés, de désorientés ne savent trop où aller ni vers qui se tourner ?
Ce qui me permet de continuer et de tenir le coup, c’est qu’au milieu de ces cris et de ces appels multiples, je vois des petites mains qui se tendent, des soutiens qui se font ouverture, des inconnus qui s’offrent la vie, qui se partagent une chaleur d’humanité au milieu du froid glacial. Je vois et je constate des liens qui se tissent, des relations qui se nouent à travers des personnes et des communautés que tout semble opposer à première vue. Autour de moi, j’entends des murmures, des bruissements, des voix et des actions qui s’unissent et qui font chorus : non, ce n’est pas une fatalité !
Ces petites mains qui agissent. Ces voix qui s’élèvent. Alors, je sors de mes sombres rêves et de mes brumeuses visions. Je me souviens que la vie est là, tendre, dure, fugace, tenace, à prendre et à partager. Le rêve et la réalité d’une humanité nouvelle sont là sous mes yeux. L’espérance est un défi à saisir, à propager. La lune, les étoiles, le ciel clair dans la nuit en sont les preuves. L’épiphanie est réelle.
J’ose croire, j’ose rêver, j’ose espérer que l’année 2025 et d’autres encore à venir valent la peine d’être vécues, et que d’autres épiphanies méritent d’être célébrées et partagées.
Bonne année à toutes et à tous !