Par une de ces belles journées ensoleillées de juillet, je vois des enfants, des jeunes et moins jeunes se délecter de crèmes glacées dans les rues, des amoureux s’embrasser, des chiens sautiller dans le parc, les oiseaux voler, les jardins tout en fleur, les gazons verdoyants, et bien d’autres encore de belles choses.
Pour un temps, la joie est sur les visages. On peut presque oublier qu’ici et quelque part, le monde est en grande souffrance.
Les images de guerre, de famine et de désastres se sont momentanément estompées. Je rends grâces pour cet éclair de joie, de paix et d’espérance. Peut-être fugace et éphémère cet éclair, mais il est bien réel.
La célébration du Centenaire à la Mission Protestante Francophone de Toronto (MPFT) a eu lieu les 12 et 13 juillet dernier.
C’était un temps fort de réjouissance, de rencontres, d’amitié, de retour vers le passé et de projection vers l’avenir.
Combien j’ai aimé le chant des mamans célébrer cette fête d’Église canadienne en langue camerounaise!
Les petites filles qui dansaient la danse du ciel, apportaient le ciel sur la terre et renvoyaient la terre au ciel! Quelle illumination!
Pendant quelques minutes, elles nous emmenaient ailleurs, dans un lieu de paix, d’amour et de vie.
La chorale quant à elle, a animé toute la soirée par des chants, des danses puisées dans le patrimoine mondial protestant.
Des mouvements célébrant et mettant en exergue la communion et les diversités de l’Église universelle.
Ah le baryton! Une voix de génie, forte, puissante et lancinante, issue du fin fond du cœur de l’Afrique.
Elle avait embrasé la salle, surtout quand elle a commencé à entonner « Dieu Tout-Puissant quand mon cœur considère tout l’univers créé par ton pouvoir » en anglais et en français. Quelle délectation!
On voyait sur les visages de l’assemblée la présence, la solidarité, le sentiment de vivre quelque chose de profond, d’historique et d’originel.
Le futur est déjà dans le présent.
J’ai constaté encore une fois combien la MPFT est pionnière et prophétique en bien des aspects.
Bien enracinée et présente dans presque tout le Canada, la MPFT est un modèle de plantation d’Églises, d’interculturalité, et de contextualité.
Elle témoigne par ses paroles et ses actions depuis plus d’une décennie une résilience et une persévérance de justice sociale et d’hospitalité radicale, et sans tambour ni trompette.
Je salue le couple Florence Bukam et Isaac Kamta avec toute la MPFT et ses réseaux et ramifications qui ont rendu possible l’inimaginable d’il y a seulement quelques années.
Le rêve et une vision quelques décennies auparavant, une communauté protestante francophone au cœur de Toronto sont devenus réalités.
Merci à la Région Shining Waters d’être venue, merci pour cette présence forte et discrète dans votre soutien à ce ministère. Merci de continuer d’accompagner, de marcher ensemble marquant le trait d’union d’une Église Unie du Canada proclamant sa foi et son espérance communes d’une même voix en deux langues.
Je rentre à la maison tout pensif, rempli de joie. J’ai eu la joie de revivre ce qu’était l’Église Unie du Canada jadis.
J’ai eu la vision de ce qu’est l’Église Unie du Canada aujourd’hui : humble, forte et courageuse, proclamant sa foi, vivant librement ses valeurs d’inclusion et de diversité.
J’ai vu une Église enracinée profondément dans son histoire qui se projette avec certitude, dynamisme et conviction dans un monde incertain et vulnérable.
C’est ce que j’ai vu à la MPFT. J’ai vu dans cette célébration du Centenaire une Église de demain et déjà d’aujourd’hui.
Une citation de Victor Hugo me revient et résume mon expérience Veni, vidi, vixi [i].
[i] Je suis venu, j’ai vu, j’ai vécu