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40 jours contre le racisme : Inzwi Munikwa

Inzwi Munikwa parle d’une expérience souvent considérée comme insignifiante, mais qui touche en réalité au consentement, à l’identité et au prix à payer pour rendre le racisme « plus facile à entendre ». Dans le cadre de la série « 40 jours d’action dans la lutte contre le racisme »

Mes cheveux, ma rage

 

 

Transcription:

Quand on me demande de parler de mes expériences du racisme, je commence souvent par quelque chose qui peut sembler insignifiant, mais qui est très important pour moi : les gens qui touchent mes cheveux sans ma permission.

Cela arrive plus souvent que vous ne le pensez.

Certains tendent la main par curiosité de connaître la texture de mes boucles. D’autres agissent par ignorance, ou pire, ils m’exotisent.

Mes cheveux deviennent un spectacle.

Quelque chose à admirer, à tourner en dérision ou à critiquer parce qu’ils ne correspondent pas aux normes de beauté eurocentriques.

J’ai tout entendu : « Tes cheveux sont tellement crépus. » « Ils doivent être difficiles à coiffer. » Comme si mes cheveux naturels étaient un problème à résoudre. Comme s’ils avaient besoin d’être domptés.

C’est l’histoire que je choisis souvent de raconter.

Parce que c’est une histoire que tout le monde, en particulier les personnes blanches, peut comprendre.

Il y a quelque chose d’universellement désagréable dans le fait qu’un inconnu touche votre corps sans votre consentement.

Quand je dis : « Imaginez que quelqu’un décide de toucher les cheveux d’une personne blanche. » Là, ça fait tilt.

Mais, en vérité, je ne raconte pas cette histoire parce qu’elle est la plus douloureuse.

Je la raconte parce que j’ai appris à la rendre acceptable.

Je peux en parler calmement. Je peux choisir des mots qui ne provoqueront pas de réaction défensive.

J’ai été conditionnée à le faire ; à protéger les autres de ma colère.

Et je suis fatiguée.

Pourquoi dois-je édulcorer mes expériences pour les rendre plus faciles à entendre ?

Pourquoi est-ce à moi de transformer ma douleur en moment d’apprentissage ?

Pourquoi ne puis-je pas être en colère ?

Pourquoi ne puis-je pas parler honnêtement, même si cela met les gens mal à l’aise ?

La réponse est que je devrais pouvoir le faire. Et j’apprends à le faire.

Donc, si vous n’êtes pas victime de racisme, je vous demande d’accepter ce malaise, d’écouter sans couper la parole, sans expliquer ni mettre votre culpabilité au centre de la discussion.

Ces histoires ne sont pas des représentations.

Ce sont des vérités, souvent racontées au prix fort.

Si vous vous sentez sur la défensive, demandez-vous : que protégez-vous ?

À qui accordez-vous la priorité ?

Mes cheveux sont porteurs d’histoire. D’identité. De fierté. Et de douleur.

Je ne raconte pas ça à la légère. Mais je le raconte aujourd’hui, dans l’espoir que vous m’écouterez et que vous agirez en connaissance de cause.

 

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