Notre réaction à la décision et une lettre au premier ministre

Crédit: Court internationale de justice
L’Église Unie du Canada joint sa voix à celles de ses partenaires en Palestine et en Israël et à celle de la communauté internationale pour saluer la décision rendue par la Cour internationale de justice (CIJ) ce 26 janvier. Cette décision stipule les principales mesures provisoires qu’Israël doit prendre [traduction]« pour prévenir toute nouvelle atteinte grave et irréparable aux droits du peuple palestinien au titre de la convention sur le génocide, lesquels continuent d’être violés en toute impunité ».
La Cour n’a pas expressément demandé un cessez-le-feu. Toutefois, seul un cessez-le-feu immédiat permettra de respecter pleinement les mesures précises et urgentes décrites dans la décision de la Cour, à savoir que :
Israël doit, conformément aux obligations lui incombant au titre de la convention sur le génocide, prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir la commission, à l’encontre des Palestiniens de Gaza, de tout acte entrant dans le champ d’application de l’article II de la convention, en particulier les actes suivants : a) meurtre de membres du groupe, b) atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe, c) soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, et d) mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe.
La Cour rappelle que de tels actes entrent dans le champ d’application de l’article II de la convention lorsqu’ils sont commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe comme tel. La Cour considère également qu’Israël doit veiller, avec effet immédiat, à ce que son armée ne commette aucun des actes visés ci-dessus.
L’Église Unie exhorte le Canada, en tant que proche allié et ami d’Israël, à déployer tous ses efforts pour persuader l’État hébreu de se conformer pleinement à la décision de la CIJ.
Le respect du droit international, appliqué judicieusement par le biais de mécanismes juridiques convenus internationalement, est une obligation essentielle qui incombe à tous les États. Jusqu’à présent, ce respect n’a cependant été exigé que de manière sélective, y compris par le Canada, ce qui a pour effet que les populations les plus vulnérables, marginalisées et impuissantes de la planète sont victimes des pires abus.
L’Église Unie du Canada a écrit au premier ministre Trudeau pour lui signifier son soutien à la décision de la CIJ et l’inciter à presser Israël de se conformer aux mesures provisoires qui lui sont imposées, sans délai et sans exception. La lettre demande également au gouvernement du Canada de plaider en faveur de la fin des souffrances humaines à Gaza et de la libération immédiate et en toute sécurité de tous les otages restants.
En outre, si une résolution exigeant que tous les États membres respectent la décision de la CIJ du 26 janvier est présentée au Conseil de sécurité des Nations Unies, l’Église Unie demande instamment au Canada de faire pression sur ses alliés aux États-Unis, au Royaume-Uni et en France pour qu’ils votent en faveur d’une telle résolution et qu’ils s’y conforment.
Lettre au Premier ministre du Canada
Le 26 janvier 2024
Le très honorable Justin Trudeau, C.P., députée
Premier ministre
Chambre des communes
Ottawa (Ontario) K1A 0A6
Monsieur le Premier Ministre,
Veuillez accepter les bons vœux de l’Église Unie du Canada.
Je vous écris aujourd’hui pour demander à votre bureau et à tous les ministères concernés du gouvernement canadien d’afficher leur respect de la décision du 26 janvier 2024 de la Cour internationale de justice et de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour inciter l’État d’Israël à respecter les mesures provisoires qui lui sont imposées.
À ce titre, l’Église Unie souligne que toutes les parties au conflit à Gaza doivent adhérer au droit humanitaire international. Nous exprimons notre profonde préoccupation pour les otages enlevés lors de l’attaque contre Israël le 7 octobre 2023 et détenus depuis lors par le Hamas et d’autres groupes armés, et nous demandons leur libération immédiate et inconditionnelle.
En tant qu’État signataire de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, le Canada a le devoir légal et moral de prévenir les actes de génocide et d’éviter de se rendre complice de tels actes.
Alors que les souffrances se poursuivent pour un 109e jour, le Canada doit prendre toutes les mesures nécessaires pour faciliter la sécurité, le bien-être et la sûreté des Palestiniens et la libération en toute sécurité des otages. Il faut notamment exiger un cessez-le-feu immédiat et permanent, demander que soit fournie toute l’aide humanitaire nécessaire de façon sécuritaire et permanente, et soutenir toutes les mesures visant à préserver les preuves de crimes de guerre et d’incitation à commettre de tels crimes à Gaza, de manière à ce que toutes les parties en cause soient tenues responsables de leurs actes.
Bien avant le 7 octobre 2023, l’Église Unie avait joint sa voix à celles de millions d’autres personnes au Canada et dans le monde entier pour demander l’application du droit international concernant les effets dévastateurs de l’occupation militaire israélienne des territoires palestiniens. Nous avons réitéré cet appel à la suite de l’horrible attaque du Hamas contre des civils israéliens le 7 octobre, et à plusieurs reprises au cours des jours et des mois qui ont suivi, alors que la population palestinienne est prisonnière de l’assaut militaire et du siège d’Israël.
Toutes ces actions sont assurément de l’ordre de la punition collective, et pourraient même avoir les apparences d’actes génocidaires. Il s’agit de violations du droit international et les responsables doivent rendre des comptes.
Le Canada a souvent exprimé avec conviction son soutien à un « ordre international fondé sur des règles ». Votre gouvernement ne doit pas en faire moins aujourd’hui et soutenir pleinement la décision de la CIJ. Il n’y a pas de solution militaire à cette crise. En soutenant publiquement l’appel de la CIJ, l’Église Unie exhorte le Canada à prendre une position sans équivoque sur le fait que la souffrance à Gaza doit cesser, dès maintenant.
Nous attendons avec impatience l’occasion de vous rencontrer pour discuter de la manière dont l’Église Unie du Canada et ses partenaires peuvent aider le Canada à se montrer à la hauteur de cette responsabilité.
Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de mes sentiments distingués.
Pasteur Michael Blair
Secrétaire général
L’Église Unie du Canada