Chris Mah Poy réfléchit à ce que signifie aimer son pays tout en lui demandant des comptes. Dans le cadre de la série « 40 jours d’action dans la lutte contre le racisme »
C’est OK de ne pas se sentir OK
à la fête du Canada
Transcription:
Je n’ai jamais vécu ailleurs qu’au Canada. J’aime ce pays et je veux le voir prospérer.
Mais il m’est difficile de me sentir patriotique et d’avoir envie de brandir un drapeau canadien le 1er juillet, alors que je connais l’histoire dont on parle rarement.
Il y a quelques années, on a célébré le 100e anniversaire de la Loi de l’immigration chinoise de 1923, aussi connue sous le nom de Loi sur l’exclusion des Chinois.
Adoptée par le premier ministre Mackenzie King, cette loi interdisait toute immigration chinoise. Elle obligeait également toute personne d’origine chinoise, quel que soit sa nationalité ou son lieu de naissance, à s’enregistrer auprès du gouvernement.
Mon grand-père et mon grand-oncle devaient porter sur eux des certificats d’identité les identifiant comme des personnes qui ne pourraient jamais être de « vrais Canadiens ».
Ce n’était pas la première fois. En 1885, John A. Macdonald a instauré la race comme principe juridique au Canada, arguant que les électeurs chinois soutiendraient des « principes asiatiques » et que les personnes comme moi, métisses, constituaient une forme « d’hybride entre un chien et un renard » ; une créature qui ne devrait pas exister.
Les paroles de Macdonald n’étaient pas que de la rhétorique. Elles ont façonné des lois, des normes et des institutions qui ont exclu, ségrégué et effacé.
Des politiques anti-métissage aux affaires judiciaires, telles que la décision Quong-Wing et l’arrestation de Viola Desmond, les systèmes canadiens ont été conçus pour privilégier la blanchité.
Donc, en cette fête du Canada, je ne brandirai pas de drapeau. Et ça aussi c’est un acte de patriotisme.
Parce que rendre compte de notre histoire, avec ses horreurs et ses triomphes, est un acte de loyauté. C’est ainsi que nous construisons un avenir meilleur.
Je prie pour les personnes qui glorifient le passé sans le connaître. Et pour les personnes qui se sentent partagées, tristes, rebelles ou remplies d’espoir le 1er juillet.
Je vous invite à réfléchir à la question suivante : qu’est-ce qu’un patriotisme honnête et rebelle signifie pour vous ?
L’histoire vit dans les manuels scolaires, les musées et les bibliothèques. Mais les monuments, les noms de rues et les statues nous indiquent qui la société choisit de glorifier.
Choisissons d’apprendre. Choisissons d’écouter. Choisissons de bâtir un Canada où tout le monde a sa place.