L'Église Unie du Canada

Menu

Actualités

Un étudiant d’origine africaine au Canada

Un groupe de jeunes personnes regarde le coucher de soleil à Morondava, Madagascar

Petit brin d’histoire sur le parcours d’un jeune aventurier désireux d’explorer le monde.

Avant de vous raconter, laissez-moi me présenter.

Je m’appelle Mandimby et je suis originaire de l’île de Madagascar, un pays magnifique avec une population de plus de 21 millions d’habitants. Ce qui est cocasse, c’est que beaucoup de gens ont connu Madagascar par le biais du film d’animation de DreamWorks du même nom, qui met en scène les aventures des animaux de la savane et dont le personnage emblématique, King Julian, est un célèbre lémurien.

Madagascar, c’est beaucoup plus que ce magnifique film d’animation.

Il s’agit d’un pays riche de ses 18 ethnies, chacune possédant sa propre culture, ses propres coutumes et ses propres traditions. Cela dit, à Madagascar, tout n’est pas aussi rose qu’on pourrait l’imaginer. Malgré la richesse de sa diversité, l’île est le théâtre de nombreux conflits entre ses multiples ethnies.

J’ai moi-même été témoin et eu connaissance de divers cas de discrimination, notamment de colorisme. Il s’agit d’une forme de discrimination selon laquelle les personnes ayant une peau plus claire sont considérées comme supérieures à celles ayant une peau plus foncée (Mérentier, 2020).

À ma connaissance, ce phénomène est plus répandu parmi les ethnies du centre et de la côte. L’ethnie dominante du centre, les Mérinas, a généralement la peau plus claire, tandis que les « Côtiers », originaires des côtes du pays, ont habituellement une peau plus foncée.

Les remarques blessantes et les tensions entre les ethnies du centre et de la côte sont tristement trop fréquentes. Cette forme de discrimination ne devrait tout simplement pas exister. Ne sommes-nous pas tous humains, malgré nos différences ?

Quoi qu’il en soit, après mes études secondaires dans une école française, le parcours habituel pour un jeune comme moi était d’aller étudier à l’étranger, la France étant la destination la plus courante. Je n’étais cependant pas particulièrement attiré par ce pays, ayant déjà eu l’occasion de passer du temps en Europe pour des vacances et des compétitions sportives. J’avais envie de découvrir autre chose, et je me suis fait une idée assez rapidement de l’endroit où je voulais aller.

Un ami m’a parlé du Canada, j’ai fait mes recherches, puis j’ai vu les paysages à couper le souffle, d’autant plus que j’avais depuis longtemps le désir de découvrir la neige. Je suis donc passé à l’action et j’ai fait les démarches nécessaires pour venir m’établir à Montréal, au Québec.

Être un étudiant d’origine africaine au Canada n’est pas une mince affaire. Selon moi, cela demande beaucoup d’adaptation et représente un véritable choc culturel.

Le Canada et l’Afrique sont deux réalités totalement différentes

D’un côté, c’est le tiers monde, et de l’autre, l’Occident. On me demande souvent de comparer ces deux réalités et de donner mon opinion sur chacune.

J’aime répondre que c’est fascinant. En fait, la connaissance de ces deux extrêmes m’aide probablement à mieux comprendre notre monde.

Certes, ce sont deux univers totalement différents, mais chacun possède sa beauté, son charme. D’un côté, il y a la culture, les traditions et les coutumes bien ancrées. De l’autre, la modernité, la diversité et une atmosphère rythmée par une société cosmopolite.

Mon expérience au Canada me fait prendre conscience qu’ici, nous rencontrons des gens de tous les coins du monde, nous avons la chance de découvrir différentes cultures, etc. Le tout est plus qu’enrichissant.

En tant que personne d’origine africaine, j’apporte l’histoire et la richesse de ma culture et, dans cette terre d’accueil où la diversité est célébrée, je me découvre un besoin de les partager, de les faire connaître.

Évidemment, je suis conscient qu’il peut y avoir des tensions dans tous les pays, dans la plupart des milieux. La discrimination peut se manifester sous différentes formes et, pour certains étrangers, elle est parfois assez courante.

En ce qui me concerne, je remercie Dieu de n’avoir jamais, à ce jour, vécu de racisme. Je déplore cependant ces histoires, encore trop nombreuses, de personnes confrontées à un traitement injuste en raison de la couleur de leur peau, ou qui doivent faire face à des regards méprisants ou des expressions de dédain.

De telles histoires ne sont pas que de l’ordre de la fiction. Bien que je n’aie jamais personnellement fait l’expérience du racisme, j’en ai parfois été témoin et j’ai pu entendre les récits de personnes que j’ai côtoyées.

Si je n’ai pas été moi-même victime de racisme, est-ce parce que j’ai fréquenté des milieux plus cosmopolites, parce que j’ai été chanceux ou parce que je suis demeuré passif devant des situations de racisme ? Honnêtement, je ne sais pas.

Bref, au-delà de toutes ces considérations, c’est la rencontre d’une diversité de cultures différentes qui laisse en moi la marque la plus durable. Ma vision du monde est constamment enrichie par les discussions et les idées que j’échange avec des étudiants du monde entier, qui me permettent constamment de découvrir de nouveaux points de vue. Et chaque jour est pour moi une occasion nouvelle d’apprendre et de découvrir, de m’enrichir.

 

 

Références

Colin, B. (2018). Les 18 ethnies de Madagascar. La caponnière. Les 18 ethnies de Madagascar – La caponnière (la-caponniere.fr)

Mérentié, F. (2020). Différence entre racisme et colorisme | #connaistonvoisin | Radio-Canada

Les commentaires sont fermés.