
Photo : Salman Hossain Saif sur Unsplash
Lettre ouverte de la Table commune sur l’antiracisme de l’Église Unie
En octobre 2020, les membres de l’Église Unie du Canada se sont engagés à devenir une Église résolument antiraciste. Cela signifie entre autres de s’opposer clairement à toute manifestation de racisme, par les symboles comme dans les modes de fonctionnement, partout où cela se produit, dans l’Église comme dans la société. À cette fin, la Table commune sur l’antiracisme a été constituée; diversifiée dans sa composition de personnes autochtones, allochtones racisées et blanches provenant des quatre coins du pays, elle œuvre de concert avec les membres du personnel pour offrir des orientations sur les réponses possibles de la part de l’Église aux manifestations constantes de racisme systémique, dont le suprémacisme blanc, tant au sein de l’Église que de la société canadienne.
C’est donc en tant que Table commune sur l’antiracisme de l’Église Unie du Canada que nous écrivons aujourd’hui, au beau milieu de manifestations se réclamant du mouvement anti-vaccination qui se fait entendre un peu partout au pays.
Le droit de manifester et de contester est précieux dans une société démocratique. En tant que Table commune sur l’antiracisme, nous soutenons le droit de manifester de façon non violente. Cela dit, nous sentons aussi la nécessité de partager notre profonde inquiétude face à ces convois de la liberté et les manifestations qui surviennent à l’heure actuelle un peu partout au pays.
Nous sommes inquiets devant ces manifestations qui deviennent des lieux de haine et d’oppression. Nous ne pouvons en aucune façon entériner l’utilisation de symboles haineux tels la swastika et le drapeau des confédérés; l’appropriation des cultures, cérémonies et symboles autochtones comme le drapeau, Every Child Matters [chaque enfant compte]; et l’utilisation de termes racistes, capacitistes, antisémites, islamophobes, misogynes, homophobes, transphobes et anti-migrants, dans un langage lourd de menaces. Nous avons constaté cette dérive non seulement lors des manifestations, mais aussi dans les médias sociaux qui les appuient. Notre engagement à devenir une Église antiraciste, interculturelle et axée sur la réconciliation exige de nommer ces réalités ouvertement, en plein jour.
Il ne s’agit pas ici d’un événement isolé, mais bien de l’expression continue du racisme et du suprémacisme blanc au cœur de la société canadienne, tel que documenté par le Canadian Anti-Hate Network [Réseau canadien contre la haine] (en anglais).
Si vous êtes une personne blanche et que vous n’êtes toujours pas convaincue de la place centrale du racisme dans ces manifestations, ou si vous les attribuez à quelques pommes pourries, nous vous exhortons à faire un examen en profondeur, exigeant et possiblement inconfortable, de vos propres convictions.
Si vous êtes une personne autochtone ou racisée, que vous ressentez du danger, de la crainte, ou si vous êtes consternée par le silence de bien des personnes blanches devant cette violence et par l’appui qui lui est consenti par nombre d’autres, sachez que nous sommes solidaires de vous. Vous n’êtes pas seule.
Si vous faites partie de la communauté de l’Église Unie, nous vous exhortons à discerner, en tant que disciple du Christ, la réponse à laquelle vous êtes appelé à cet égard. De grâce, élevez la voix pour vous opposer au racisme partout et en tout temps lorsque l’occasion se présente, avec le calme et la détermination engendrés par la foi, afin de mettre en relief, de façon claire et sans équivoque, le racisme et la discrimination qui imprègnent ces manifestations. Intervenez dans les médias locaux, sociaux, dans les bulletins d’information et lors d’échanges au sein de votre communauté de foi, dans vos cercles personnels de relations, et auprès des représentants politiques. Apportez-vous soutien et soins mutuels alors que vous faites entendre votre voix prophétique. Reconnaissez l’impact émotionnel et spirituel profond du racisme sur nous toutes et tous, tout particulièrement sur les personnes autochtones et racisées.
Et même lorsque ces manifestations se termineront, les grands enjeux systémiques dans lesquels elles plongent leurs racines ne le seront pas.
Les membres de la Table commune sur l’antiracisme de l’Église Unie
Jordan Cantwell
David Clellamin
Matthew Fillier
Adele Halliday (personnel)
Ellie Hummel
Pierre Goldberger
Ren Ito
Rhonda Johns
Jenni Leslie
Kenji Marui
Shannon McCarthy (personnel)
Barry Rieder
Tony Snow
Sara Stratton (personnel)
Yvonne Terry
Paul Douglas Walfall
Prières et déclarations de l’Église Unie portant sur la lutte antiraciste
Prière du modérateur Richard Bott
Statement from Chinook Winds Indigenous Minister Tony Snow [Déclaration de Tony Snow, pasteur autochtone de la région Chinook Winds] (en anglais)
Déclaration du personnel ministériel des Églises chrétiennes du centre-ville d’Ottawa
À propos de la Table commune sur l’antiracisme
La Table commune sur l’antiracisme est un comité national de l’Église Unie du Canada dont les membres représentent une diversité raciale et proviennent de presque toutes les provinces, de la Colombie-Britannique à la Nouvelle-Écosse. Les membres du comité appuient unanimement la présente lettre ouverte. Pour en savoir plus sur le mandat de ce comité, cliquez ici.