Nous venons de fêter les Rameaux, clôturant le temps de Carême, nous ouvrant sur la Semaine sainte qui débouche sur Pâques, nous conduisant ainsi au temps pascal.
Le temps des Rameaux illustre si bien les hauts et les bas de la vie. De la hauteur des acclamations des hosannas, de l’accueil triomphal d’un Messie-Roi, du même peuple, de la foule qui condamne et réclame la mise à mort par crucifixion avec la même ardeur et vibrante conviction.
Notre vie n’est-elle pas faite ainsi? De nos temps de gloire et des temps du creux de la vague, qu’est-ce qu’il reste? Qu’est-ce qui subsiste? Entre nos victoires et nos défaites, que prendre, que comprendre?
Le temps des Rameaux m’interpelle dans sa dynamique des évènements, des personnes, des réalités que je pense savoir, que je crois connaître, mais qui ensuite me dit combien je me suis trompé, enfermé dans mes idées, dans mes folles projections sur ce que Dieu est, et ce que Dieu fait. Tel Jésus et Son Règne, telle l’idée de la condamnation et de la crucifixion qui défie mon imagination et dépasse mon entendement. Jésus-Roi et Libérateur, Messie, qui est-ce? Jésus criminel et condamné à mort, comment est-ce? La figure attire, intrigue et me ramène à cette question fondamentale, voire essentielle, que Jésus Lui-même pose et repose: « qui dites-vous que Je suis? »
Arrive dimanche, inaugurant le temps de Pâques, la fête de la résurrection, que et quoi penser ? Pâques, temps de passage, temps de libération, temps de folle espérance quand et où la vie est plus forte que la mort. L’amour qui triomphe des haines et des violences, montrant un corps atteint certes, mais non détruit. Comme Thomas, j’aimerais bien voir et toucher.
Dans ce poste d’observation et de témoin qu’est celui de responsable des ministères en français, à travers les visites pastorales, les rencontres et les conversations où deuils et naissances, maladies et guérison, décès et anniversaires se conjuguent et s’entrecroisent, les conflits et les réconciliations, les violences et la compassion, les départs et les retours, les séparations et les réunions, comme le printemps qui revient après l’hiver, n’est-ce pas déjà le Mystère de la résurrection en action?
Où je suis, je vois et touche aux blessures de l’humanité en soif et en attente de cette résurrection d’ici et de maintenant. Pâques ou Jésus qui me rejoint au plus profond de moi-même et bien au-delà, qui fait de mes tréfonds par son regard et son toucher une source d’où jaillit une force vitale qui me permet de croire, de partager, d’avancer, de vivre et de crier avec d’autres témoins de tout temps et tous âges, que le Christ est ressuscité et qu’Il est vraiment ressuscité!