L'Église Unie du Canada

Menu

Actualités

Mot du Responsable (25 juillet 2023) – Rev. Dr. Emmanuel Djacoba Tehindrazanarivelo

Déjà un mois et plus que j’ai commencé à assumer le poste de Responsable des Ministères en français. Que de chemin depuis ! Quelques semaines mais qui me semblent être des mois, voire des années-lumière.

Franchir la fracture numérique entre les pays du Sud où j’étais principalement les deux dernières décennies. Dépasser la barrière linguistique de l’anglais langue de communication et de travail au sein de l’Équipe nationale, du digital, du linguo québécois français et du patois de Canaan de l’Eglise Unie du Canada que j’ai quittée pour servir l’Église à Madagascar. Le début était rude et abrupt les premières semaines, une corde raide. Heureusement il y avait l’accueil et le soutien de l’Équipe au Conseil général et l’Équipe des MIF qui étaient de véritables adoucissants. Je leur suis reconnaissant.

Après vingt ans d’absence, je redécouvre une Église bien différente de celle que j’avais quittée. Les choses ont beaucoup évolué. Les questions et problématiques telles que l’inclusion, la diversité, l’antiracisme, la justice écologique, l’usage du français, la voix et la place des Autochtones, qui étaient des sujets marginaux sont aujourd’hui au centre de de la manière d’être et de faire de l’Église Unie du Canada. Ce qui me ramène à une des prédications du pasteur Rob Oliphant il y a presque trente ans, qui m’avait fortement impressionné, selon laquelle « la marge d’aujourd’hui est la page de demain ».

Je découvre aussi à travers mes rencontres et pérégrinations une Église en pleine gestation de croissance et d’expansion. Les nouvelles communautés de foi qui émergent à travers les différentes vagues d’immigration. Combien elles me rappellent les débuts du protestantisme en français au Québec avec ses vagues de huguenots et de protestants de différents pays qui pour diverses raisons ont quitté leur pays et se sont installés. Ils ont apporté leur culture et leur religion avec eux. Ils ont foisonné et fortement participé à la croissance et à l’expansion de la foi chrétienne au Canada.

Je découvre aussi les similitudes, qu’apparemment tout semble différencié, entre les immigrants récents et les Canadiens de souche dans leurs quêtes d’une communauté d’appartenance et de compréhension du sens et de signification du message de l’Église dans leur vie et leur quotidien. Je rencontre les mêmes souffrances et la même soif de justice et d’espérance. Je suis toujours étonné quand il y a occasion de rencontrer, combien facilement ceux qui sont apparemment aux antipodes se retrouvent.

Puis il a le rythme au jour le jour : les coups de téléphone, les courriels et les textos,  les visites, les rencontres, les réunions en distanciel ou en présentiel, l’organisation et la création des nouvelles  communautés de foi (Joliette, Drummondville, Sherbrooke)  faites surtout de travailleurs migrants, les appels des femmes et des jeunes de Montréal Nord, des personnes très vulnérables proches de la précarité, ainsi que des amis et vieilles connaissances qui apprennent que je suis de retour. Je passe en fait beaucoup de mon temps à écouter et à apprendre.

La consécration à Sainte Adele autour de Stéphane Godbout comme célébrant laïc m’a permis de vivre un temps fort avec une église locale. Ce fut une belle et sobre cérémonie avec toute sa joie remplie de convivialité. Ce fut émouvant et contredit toute tentation de pessimisme sur l’état actuel de l’Église. Puis il y a eu le coup de fil, l’appel et l’invitation aux Ministères en français de l’Eglise Unie du Canada, venant des communautés en français de l’Alberta. La soif d’une présence des Ministères en français des communautés et des familles francophones des fermes, dans les établissements scolaires, hospitaliers et dans la grande ville d’Edmonton.

Mon poste de Responsable et la situation actuelle de l’Église Unie du Canada me fait beaucoup penser au texte de la Genèse 18 : 1-7.  J’entends le rire de Sarah qui ne croyait pas à la prédiction des trois visiteurs à la naissance d’Isaac l’année suivante. J’entends beaucoup ce rire autour de moi et bien au-delà quand on parle de croissance et d’expansion, de l’appel et de la vision. De ce que je vis, de ce que je vois, de ce que j’entends et constate, je crois à cette vision de Mamre pour l’Église Unie du Canada.

Les commentaires sont fermés.