Chaque jour, les nuits s’allongent et le ciel s’assombrit avec ses rayons de soleil ici et là. Les obscurités semblent prendre le pas sur la lumière. C’est l’automne qui s’en vient et qui s’installe. Je regarde les feuilles qui tombent des arbres une par une, m’interpellant et m’interrogeant sur la nature. Combien la création m’apprend à lâcher prise, à perdre le contrôle, à laisser venir le rythme des saisons comme pour mourir et renaitre avec le Créateur.
J’entends les bruits de guerres avec ses cohortes de souffrances et de destructions. Je suis inondé d’images, submergé par les cris et les sanglots. Je me vois au milieu des pleurs entremêlés de bombardements, l’angoisse et le silence lancinant des peuples meurtris, sidérés par l’explosion de la violence et de la haine.
Je vois aussi l’immense solidarité d’un désir pour la paix et la justice d’un monde fragmenté en recherche de communion et de réconciliation. J’entends les prières qui humblement s’élèvent partout dans le monde, des signes d’espérance, des marques d’amour, des témoins de lumière dans la grande obscurité. Au milieu de cette nuit abyssale, des voix redisent et se rappellent « nous ne sommes pas seuls ». Vous n’êtes pas seuls !
Pour les Ministères en français, les visites à la Mission Protestante Francophone de Toronto, la participation aux réunions du Conseil régional de Nakhoha:ka et du Conseil Général, la rencontre avec les candidats prospectifs au leadership laïc et au ministère ordonné issus des communautés émergentes, ont marqué les deux semaines passées.
- Cette visite à la Mission Protestante Francophone de Toronto (MPFT) a eu lieu sous l’invitation de son pasteur, le révérend docteur Issac M. Kamta. Elle fut pleine de surprises. Je m’attendais à rencontrer une communauté de foi, je découvre plus d’une vingtaine de communautés de foi bien structurées et bien organisées présentes un peu partout en l’Ontario. J’y vois la manière très organique avec laquelle les Églises en Afrique s’implantent à travers les réseaux de connaissance, des besoins propres à chaque groupe, et les relations de solidarité et d’aspirations spirituelles. Je retrouve la façon bien congrégationaliste et les pratiques méthodistes qui sont aux racines de l’Église Unie du Canada et combien la MPFT a su allier les meilleures des nouvelles communautés et celles des communautés établies.
- Durant la semaine, la MFPT s’organise en des rencontres de réflexions, de prières, d’études-partages bibliques, et d’activités sportives, sociales et culturelles qui ont lieu à domicile ou d’autres endroits. Le dimanche est le temps de rencontre et prière ensemble de toute la MPFT en présentiel à l’Église de Downsview United Church ou en distanciel par zoom. J’avoue que j’étais sidéré et fortement impressionné par le dynamisme, l’engagement, la vision et la foi profonde des membres de la MPFT durant le service du culte. Les rencontres et les visites chez eux à domicile n’ont fait que confirmer cette forte impression. Je vois une Mission Protestante Francophone de Toronto qui vit déjà sans tambour ni trompette l’appel et la vision de l’Église Unie du Canada. Une mission qui est en plein dans le Plan stratégique. La rencontre et la conversation avec la révérente Kim Uyed-Kai, représentante du Conseil régional de Shining Waters m’a ouvert les yeux pourquoi une telle croissance de la MPFT. La Région Shining Waters accompagne et appuie fortement la Mission Protestante Francophone. Leur greffage a fait que l’une et l’autre ont bénéficié de leur témoignage mutuel. Je suis rentré à Montréal rempli de joies et d’espérance, mais aussi tout autant d’interrogations pour la suite et les défis que soulèvent les vingt et quelques émergentes communautés de foi au sein de la Mission Protestante Francophone de Toronto pour les Ministères en français et l’ensemble de l’Église Unie du Canada.
- Ensuite il y a eu la participation au culte de la communauté de foi de Mont Royal dirigée par la pasteure Marie-Claude Manga. Le culte se fait par zoom. C’est la deuxième fois que j’y assiste. Je découvre une communauté forte et ouverte que je me dois de connaitre un peu plus. J’ai su qu’à travers ses diverses ramifications elle touche des gens et des communautés bien au-delà du Québec et du Canada. Elle est aussi très présente sur d’autres fronts : témoignage de justice sociale, économique, raciale, écologique, ainsi que pour la paix et la réconciliation.
- La participation aux réunions du Conseil régional de Nakhonha:ka et du Conseil général me fait petit à petit introduire au cœur des débats et de la dynamique de l’Église Unie du Canada.
- Enfin, grande aussi est ma joie par le fait que des jeunes leaders, quatre pour le moment, issus des communautés de foi émergentes sont en conversation avec les responsables du Bureau de la vocation de l’Église Unie du Canada. Ces quatre exercent déjà la pastorale au sein de leur communauté respective. Six autres sont en processus de discernement. « La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers » Luc 10, 2
- Avec les appels des communautés de foi en français implantées dans les diverses provinces hors du Québec, constituées en majorité d’immigrants récents et établis, les Ministères en français se trouvent à un tournant de leur histoire. Nous faisons face à un grand défi, la croissance désirée. À la veille de la fête de la Réformation, elle est certes attendue. Mais elle appelle à des conversions intellectuelles et des cœurs dans la manière de faire, de penser, d’être Église.