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Les origines négro-africaines de la civilisation occidentale

L’Afrique est souvent enfermée dans un carcan et forcée à se contenter de ce qu’elle n’est pas. On la considère comme un continent sans histoire, et par conséquent, elle n’a rien apporté à la civilisation mondiale. Et pourtant, en réalité, elle est la civilisation la plus ancienne à laquelle toutes ont puisé, même celles qui la dénigrent le plus.

Cheikh Anta Diop (1926-1986) est un savant africain du Sénégal. Il s’est engagé à présenter l’Afrique, non comme on voudrait qu’elle eût été, mais comme elle a été, et comme elle peut et même devrait être. Le programme de sa vision et de son œuvre se découvre dans son premier ouvrage publié en 1954 : Nations nègres et culture. En effet, il soutient que la civilisation et la culture de la suprématie blanche sont d’origine négro-africaine.

La population de l’Égypte ancienne

À partir des recherches archéologiques, l’histoire démontre que la population de l’Égypte ancienne était noire. Les Égyptiens appelaient leur pays Kemet, ce qui, en leur langue, signifiait noir. Les auteurs anciens et la Bible témoignent que les Égyptiens étaient des personnes à la peau noire et aux cheveux crépus. On peut le retrouver avec par exemple Hérodote, Diodore de Sicile ou Strabon (Simon Desaint-Martin, 2021).

L’opinion de tous les écrivains de l’Antiquité sur la race égyptienne est en quelque sorte résumée par Maspero (Histoire ancienne des peuples de l’Orient) :

« Au témoignage presque unanime des historiens anciens, ils appartenaient à une race africaine, entendez : noire, “qui s’est d’abord établie en Éthiopie, sur le Nil moyen, et serait descendue graduellement vers la mer en suivant le cours du fleuve”. D’autre part, la Bible affirme que Mizraim, fils de Cham, frère de Koush l’Éthiopien, et de Canaan, vint de Mésopotamie pour se fixer sur les bords du Nil avec ses enfants. » https://www.afrology.com/?p=8362).

La civilisation égyptienne, mère de toutes les civilisations

L’Égypte ancienne a été le centre du monde. L’Égypte attirait comme le monde occidental attire aujourd’hui. On se rendait en Égypte pour des besoins de sécurité et pour des raisons économiques, de quête philosophique et de recherche de connaissances dans tous les domaines de l’époque.

Et dans la Bible, l’Afrique est un lieu de bonheur et de paix. Le peuple d’Israël a été formé à partir d’une famille, résultat de l’immigration économique. Jésus, menacé dès sa naissance, a été sauf grâce au refuge de ses parents en Égypte. Même avec la montée de l’Europe comme puissance, il y a le mythe du prêtre Jean en Afrique qui fascine les Européens.

Diop démontre que les Noirs ont été les premiers à structurer un système de connaissance dans presque tous les domaines de la science. Les autres peuples ont apporté un plus dans leurs cultures et leurs civilisations grâce au contact avec l’Égypte. La civilisation occidentale est même fondamentalement négro-africaine, puisque les Grecs eux-mêmes ont reconnu avoir puisé nombre de leurs connaissances en philosophie (Aristote, Platon), en histoire (Hérodote), en mathématiques (Pythagore, Thalès) dans l’Égypte antique ou ils ont été initiés.

Que s’est-il passé?

Avec la fin du Moyen Âge, l’Occident devient tout puissant. Il ambitionne de dominer et d’exploiter le monde. L’Occident veut se donner bonne conscience pour utiliser les Noirs, surtout en Amérique. Il veut justifier la pratique de l’esclavage. Le Mythe du Noir est créé. Il est un sous-homme, et l’intelligentsia démontre que le Noir est moins qu’un être humain. Hegel élabore une théorie raciste qui, jusqu’à aujourd’hui, détermine la vision que la suprématie blanche se fait de l’Africain, donc des Africains. La considération occidentale du Noir.

« Ce qui détermine le caractère des Nègres est l’absence de frein. Leur condition n’est susceptible d’aucun développement, d’aucune éducation. Tels nous les voyons aujourd’hui, tels ils ont toujours été. Dans l’immense énergie de l’arbitraire naturel qui les domine, le moment moral n’a aucun pouvoir précis. Celui qui veut connaître les manifestations épouvantables de la nature humaine peut les trouver en Afrique. Les plus anciens renseignements que nous ayons sur cette partie du monde disent la même chose. Elle n’a donc pas, à proprement parler, une histoire » (Hegel, 1831).

Chiekh Anta Diop : hier, aujourd’hui et demain

Diop a été longtemps combattu. Mais en 1974, l’UNESCO a reconnu la validité des résultats de ses recherches. Ses travaux ont permis une ouverture sur ces fronts : la reconstitution scientifique du passé de l’Afrique et la restauration de la conscience historique. Il propose des pistes pour la reconnaissance des valeurs de chacun : « La conscience de l’homme moderne ne peut progresser réellement que si elle est résolue à reconnaître explicitement les erreurs d’interprétations scientifiques, même dans le domaine très délicat de l’Histoire, à revenir sur les falsifications, à dénoncer les frustrations de patrimoines. Elle s’illusionne, en voulant asseoir ses constructions morales sur la plus monstrueuse falsification dont l’humanité ait jamais été coupable, tout en demandant aux victimes d’oublier pour mieux aller de l’avant » (Cheikh Anta Diop, Antériorité des civilisations nègres – mythe ou vérité historique? Paris, Présence africaine, p. 12).

– Isaac Makarios Kamta

Isaac Makarios Kamta est pasteur de l’Église Unie au Canada. Il a été consacré par l’Église Évangélique  du Cameroun, ou il est né. Actuellement pasteur du Ministère Protestant Francophone de Toronto, localisé à Downsview United Church. Il habite Cambridge en Ontario.


Quelques titres des nombreux ouvrages de Cheikh Anta-Diop

  • Nations nègres et culture (1954)
  • L’Unité culturelle de l’Afrique noire(1954),
  • Antériorité des civilisations nègres : mythe ou vérité historique? (1967)
  • Civilisation ou Barbarie : anthropologie sans complaisance (1981).

Bibliographie

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