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Les images de lumière et d’obscurité durant l’Avent

Photo : Kara Gebhardt, Lightsock.com

Alydia Smith et Adele Halliday

Apprentissage

Noir dessein. Cœur noir. Noir comme le péché. Blanc comme neige. Au fil du temps, dans la langue anglaise, nous avons pris l’habitude d’assimiler le mal au noir et la pureté au blanc. Même le dictionnaire ajoute de la crédibilité à une telle vision. On y définit le mot noir comme signifiant « sans aucune qualité morale ni bonté, mauvais; méchant », et le mot blanc, comme signifiant « pur moralement et innocent » [extrait traduit de dictionary.com]. On trouvera le même genre de définitions pour les mots clair et sombre.

Nos idées ancrées — et parfois binaires — du noir et du blanc ou de l’obscurité et de la lumière comme étant de nature intrinsèquement bonne ou mauvaise peuvent orienter la manière dont nous nous comportons les uns envers les autres. Parfois, nous allons au-delà de l’association des couleurs au bien et au mal, et nous l’appliquons aux personnes associées à ces couleurs. Tout comme le noir incarne le mal et l’impureté, les Noirs sont mauvais et les Blancs sont bons. Les préjugés et le racisme présents dans notre langue peuvent également influencer nos préjugés et notre racisme et la manière dont nous traitons d’autres personnes, même si ce traitement est involontaire et inconscient.

Dans le monde entier, cette dichotomie noir/blanc ou obscurité/lumière peut donner lieu à un racisme intériorisé. Par exemple, nous pouvons observer que des gens d’Asie du Sud emploient des produits éclaircissants pour rendre leur peau d’une teinte plus claire et plus proche de la couleur de peau considérée comme pure, que des gens des Caraïbes font tout ce qu’ils peuvent pour éviter que leur peau ne devienne plus foncée ou que les gens des Amériques s’entourent intentionnellement de personnes à la peau plus claire parce que, peuvent-elles dire, les personnes à la peau claire sont plus acceptables socialement, plus pures et plus innocentes. Les notions intériorisées de lumière et d’obscurité, de bien et de mal imprègnent plusieurs aspects de notre vie quotidienne.

Mais alors que faire, alors que dans la Bible et dans les rituels chrétiens, les images de la lumière et de l’obscurité et du bien et du mal abondent, en particulier pendant le temps de l’Avent? En cette période, nous allumons des bougies pour symboliser la venue du Ressuscité. Chaque semaine où nous nous rapprochons de Noël, la lumière pénètre de plus en plus dans nos églises, nous nous rapprochons du moment de la célébration de la sortie d’une période d’obscurité.

Dans la société comme à l’école de la paroisse, on nous enseigne comment nous devrions parler des ténèbres et de la lumière. C’est pourquoi les personnes à la peau foncée (comme moi), celles qui ont intériorisé l’idée que l’obscurité est toujours le mal ou celles qui ont grandi dans un contexte où tout ce qui est noir est qualifié d’impur, peuvent avoir du mal à s’approprier de ces textes et ces rituels bibliques. Il peut être difficile, pour les personnes qui sont vues comme personnifiant le mal, d’entendre que seule la lumière symbolise la bonté.

Comment, alors, parler de l’obscurité et de la lumière? Sommes-nous simplement trop sensibles? Devons-nous rejeter toute référence biblique à la lumière?

Certainement pas. Ce dont nous avons besoin, c’est de trouver un équilibre. Nous évoluons constamment dans notre compréhension d’un Dieu tout-puissant et dans notre connaissance de la parole de Dieu révélée dans les Écritures. Nous sommes aussi des gens qui employons pour le culte un vocabulaire de plus en plus englobant. Par exemple, bon nombre de nos paroisses utilisent un langage inclusif pour parler de Dieu. Nous avons dépassé le stade où l’on désigne Dieu uniquement par Il et nous utilisons plutôt des expressions belles, descriptives et merveilleuses pour parler de notre Créateur, de notre Rédempteur et de notre Soutien. Ces mots révèlent Dieu à beaucoup d’entre nous d’une manière qui dépasse largement nos représentations et nous permet de nouer des relations plus profondes avec le Ressuscité.

Un principe analogue ne pourrait-il pas s’appliquer lorsqu’on évoque les ténèbres et la lumière? Nous pouvons sans aucun doute élargir notre vocabulaire pour faire en sorte que les ténèbres ne renvoient pas toujours au mal et pour que la lumière ne soit pas toujours synonyme de bien. Après tout, une dichotomie aussi simpliste n’existe pas en réalité.

En fait, l’obscurité peut être vue comme un réconfort par un réfugié qui fuit une période de guerre et de troubles parce que, dans de telles circonstances, la lumière pourrait entraîner la mort. L’obscurité peut être considérée comme une merveille à explorer, pleine de mystère sacré; à l’inverse, la lumière peut être considérée comme la dure réalité, d’une intensité aveuglante.

Je prie pour que nous puissions dépasser ces définitions simplistes qui consistent à associer l’obscurité au mal et la lumière au bien. Cherchons les Écritures qui décrivent l’obscurité comme un bienfait et un réconfort. Par nos efforts empreints de foi, permettons ainsi à toutes et à tous de s’approprier une image plus complète du Christ dont nous préparons la venue durant le temps de l’Avent.

Cet article a été publié une première fois dans Seasons of the Spirit, Congregational Life, for Advent/Christmas/Epiphany.

Droit d’auteur © Seasons of the Spirit, 2008. Reproduit avec autorisation.

Réflexion sur la foi

Bright Shining Christ,

I don’t want to be washed whiter than snow, or become

the light that banishes all darkness,

the fair, bright and pure one.

Instead,

I want to be bathed in the earth’s soil, becoming

the darkness that births new life,

the deep, mysterious, and mystic one.

I want to be like you,

Glorious, growing child of God.

Amen

Adaptation proposée en français

Christ lumineux et resplendissant,

Je ne veux pas être lavée plus blanc que neige ni devenir

la lumière qui bannit toute obscurité,

la belle, la brillante et la pure.

Plutôt,

je veux être baignée dans le sol de la terre, devenir

l’obscurité qui fait naître une nouvelle vie,

la profonde, la mystérieuse et la mystique.

Je veux être comme toi,

Glorieuse enfant de Dieu qui grandit en Lui.

Amen

Activité à faire avec les enfants

Partez à la chasse au trésor! Cherchez la beauté à des endroits que vous ne regardez pas souvent. Combien de choses pourriez-vous découvrir à la maison, à l’église, à l’école ou au parc?

Un symbole est un signe, un objet ou quelque chose dont on se sert pour représenter une autre chose qui peut être difficile à décrire (par exemple, nous utilisons parfois une bougie pour symboliser la présence de Jésus). Pendant un jour, dressez une liste des symboles que vous voyez qui utilisent la lumière et l’obscurité pour représenter quelque chose d’autre. Que remarquez-vous? Que ressentez-vous en lisant cette liste? En quoi une autre personne pourrait-elle éprouver autre chose?

Engagement de groupe

Discutez avec les enfants de ce qu’on leur a appris sur les nuances : que symbolisent, selon eux, la lumière et l’obscurité? Où ces messages sont-ils affirmés ou contestés?

En tant qu’adulte, réfléchissez à la manière dont vous avez contribué à leur compréhension, à quelles associations sont ainsi renforcées (à la maison, à l’école, à l’église) et aux effets que cette manière de comprendre pourrait avoir sur d’autres aspects de leur vie et de la vie des autres.

N’oubliez pas d’aborder cette conversation avec curiosité, de parler de votre expérience personnelle et d’éviter les jugements.

Défense et promotion des droits

Pour la célébration du culte, plaidez pour le recours à un langage diversifié, y compris l’utilisation du mot noir dans un sens positif.

Invitez les gens à lire cet article de l’Église Unie qui s’intitule Light and Dark Imagery in the Bible (en anglais) sur le symbolisme de la lumière et de l’obscurité dans la Bible. Puis, encouragez les gens à échanger sur ce que nous pourrions faire pour examiner ou modifier nos formulations.

Réunissez un groupe pour lire et réfléchir sur les préjugés implicites véhiculés par le langage. Une recherche en ligne vous permettra probablement de trouver une multitude d’articles à ce sujet. Réfléchissez à la manière dont vous pourriez plaider en faveur d’un vocabulaire plus englobant au sein de l’Église et de la communauté.

Au cours du temps de l’Avent et durant l’année, cherchez comment aborder les passages et les images bibliques dans une perspective antiraciste.

Adele Halliday emploie le pronom elle; Adele occupe le poste de responsable de la lutte contre le racisme et de l’équité au bureau du Conseil général de l’Église unie du Canada. Elle est membre du personnel de la Table commune antiracisme de l’Église Unie et participe depuis de nombreuses années à des activités de lutte contre l’oppression qui ont lieu dans les paroisses, au Canada et ailleurs.

Alydia Smith est une animatrice liturgique, une éducatrice, une soignante, une mère et une disciple de Jésus qui travaille au bureau du Conseil général de l’Église Unie du Canada, au soutien des ministères dans les volets de la liturgie et d’éducation de la foi. Elle joue du tuba et est titulaire d’un baccalauréat en musique de l’Université Western, et d’une M.Div. de l’Atlantic School of Theology, ainsi que d’un doctorat en liturgie de l’Université Drew. Alydia aime apprendre et fabriquer des choses, et est toujours à la recherche de nouvelles occasions de croissance et de création.

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