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Le cheminement vers des relations justes est sacré : une entrevue avec Lisa Byer-de Wever

| NUMÉRO HORS SÉRIE « VÉRITÉ ET RÉCONCILIATION : LES AUTOCHTONES ET L’ÉGLISE » |

Lisa Byer-de Wever parle avec passion des gens de Kahnawake. Au cours de son mandat en tant que pasteure de la Kahnawake United Church (2016-2017), elle s’est donné pour mission de rendre l’Église plus visible. Elle a aussi décrit son rôle aux organismes laïques comme celui d’assurer le lien entre l’Église et la communauté.

Bien que Lisa Byer-de Wever ait accepté récemment d’occuper le poste de directrice exécutive de la Maison Saint Columba, à Montréal, elle porte encore Kahnawake dans son cœur.

« Ce cheminement vers des relations justes est sacré. C’est un tel cadeau, affirme Lisa Byer-de Wever. Je pense à la Pentecôte, qui marque la venue de l’Esprit sur les gens et les a emplis de compréhension malgré les différences de langues et de cultures. Nous avons la chance de la vivre aujourd’hui si nous sommes présents et authentiques. »

Pendant les deux années qu’elle a passées à Kahnawake, la pasteure est allée à la rencontre des gens pour leur montrer que l’Église tente de nouer de nouvelles relations saines avec la communauté mohawk – une approche qu’elle décrit comme « être présent ».

La majorité de la population de Kahnawake est d’origine mohawk, et il y a une profonde division entre les personnes qui suivent les pratiques spirituelles de la maison longue et celles qui suivent la tradition chrétienne. Malgré tout, Lisa Byer-de Wever a peu à peu établi des relations avec les leaders spirituels de la maison longue et, ainsi, il peut à présent arriver qu’un Aîné de la maison longue s’adresse aux membres de la Kahnawake United Church et inclue des enseignements traditionnels dans son partage. Des membres de la paroisse, 98 % sont d’origine mohawk.

Lisa Byer-de Wever affirme que l’Église commence peu à peu à être considérée comme moins menaçante et critique, et donc, pour la première fois, des membres de la paroisse de l’Église Unie admettent qu’ils adhèrent tant à la tradition chrétienne qu’à celle de la maison longue. Ces personnes disent tout haut qu’elles ont un « pied dans les deux canots ». La paroisse compte maintenant un groupe de jeunes adultes appelé Spirit Talk [Conversation de l’Esprit], qui se réunit pour parler autant de la croix que du sac sacré (Bundle) (référence aux symboles sacrés de la maison longue).

La présence assidue de la pasteure dans la communauté a eu d’autres effets bénéfiques. En juin dernier, un groupe d’adolescents et d’adolescentes mohawks s’est adressé à Lisa Byer-de Wever parce qu’il souhaitait entrer en contact avec des jeunes vivant à l’extérieur de la réserve. Leur demande tombait à point, car elle travaillait justement à un projet appelé Origins [Origines], visant principalement à établir des relations interculturelles.

Les jeunes qui s’étaient adressés à la pasteure ont finalement formé un groupe et participé au projet. La première rencontre interreligieuse d’Origins, animée par le groupe de jeunes Mohawks, a eu lieu au centre culturel mohawk à Kahnawake à la fin de juin. Quarante-deux jeunes et leaders appartenant à des groupes juifs, musulmans, mohawks et de l’Église Unie se sont réunis pour une journée de partage et d’apprentissage, qui a permis d’avoir des échanges sincères sur la vie à Kahnawake ainsi que sur l’histoire et les traditions des Premières Nations. La journée a été un grand succès. Une deuxième rencontre, animée cette fois par de jeunes musulmans, s’est tenue à Montréal en octobre. Il y aura par la suite une rencontre dans un centre juif et dans une Église Unie à Montréal.

En plus de coorganiser les discussions interreligieuses et d’y participer, les jeunes Mohawks de ce groupe font de l’intervention, du soutien et de la prévention. Leur relation avec Lisa Byer-de Wever ne les a pas amenés à assister au culte dominical, mais ces jeunes ont tout de même un lien avec l’Église.

« Les jeunes apprennent l’histoire de l’Église Unie et ses excuses pour le rôle qu’elle a joué dans la tragédie des pensionnats autochtones, explique Lisa Byer-de Wever. En ces temps-ci, c’est déjà un bon début. »

De telles rencontres sont représentatives de la philosophie de Lisa Byer-de Wever. « Le changement ne se produira que si les gens entrent en relation, explique-t-elle. Autrement, cela se vit dans la tête, et nous avons besoin de vivre avec nos cœurs. L’Occident sépare le cœur, le corps et l’âme, alors que dans les traditions autochtones, ils forment un tout. Nous devrions vivre avec nos cœurs, comme le dit notre foi. »

Un des moments forts du mandat de la pasteure à la Kahnawake United Church a été le succès de Let’s Sing [Chantons!], rencontre régulière de personnes de tous les âges et de toutes les traditions à l’église pour chanter. Les personnes participantes sont de la religion de la maison longue, catholiques, pentecôtistes, de l’Église Unie, ou sans affiliation. Le fait de se regrouper pour partager la joie de la musique a eu un grand effet. C’est grâce à ce groupe qu’une femme aînée mohawk, qui a survécu aux pensionnats autochtones, est entrée dans une église pour la première fois depuis des décennies.

Nouer des relations implique également de faire des efforts pour combler le fossé linguistique. Lorsque Lisa Byer-de Wever a appris le Notre Père en mohawk et l’a offert en cadeau à la communauté pendant la célébration de la veille de Noël, elle a reçu un honneur rare : les Aînés et Aînées mohawks l’ont invitée à poursuivre ses études du mohawk avec eux.

« Être présente et authentique » est ce qui a caractérisé le mandat de Lisa Byer-de Wever en tant que pasteure de la Kahnawake United Church. Ces paroles peuvent nous inspirer dans notre démarche pour combler le fossé entre les communautés autochtones et non autochtones, quel que soit le lieu où nous vivons et célébrons.

 

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