| SÉRIE D’ARTICLES DE PATRICIA LISSON |
Une réflexion pratique sur l’espoir et le potentiel adaptatif de la foi.
Cliquer ici pour voir toute la série.
Dans ce sixième article de la série, Patricia Lisson propose une approche du leadership animé par un questionnement spirituel, nourri par la pratique de la contemplation et guidé grâce à un relais consenti de l’ancien et du nouveau.
Alors que les périodes de luminosité de notre astre solaire déclinent, je commence l’écriture de ce sixième article de l’Âme de nos communautés à la lumière de la bougie de l’Espérance de l’avent. Dans la tradition de l’avent, la flamme nous éclaire et attise l’espoir, nous appelant à une relation transformationnelle grâce au message d’amour de Noël. C’est à la lumière de cette bougie que je me pose les questions suivantes : « Comment réinventons-nous notre ministère au milieu d’un monde changeant et dynamique? En quoi consiste notre ministère dans la réalité incertaine de la COVID-19? Comment exerce-t-on un leadership d’espoir dans ces circonstances?
Favoriser un questionnement spirituel primordial
Lorsque nous songeons à redévelopper ou à réinventer notre ministère, quels sont le rôle et les responsabilités des leaders? Un élément clé du leadership doit être enraciné dans la compréhension spirituelle – celle-ci affectant tous les aspects de notre être, nous conduisant dans un modèle de direction durable basée sur la foi au service de la communauté. Dans cette optique, le rôle essentiel du leader est de reconnaître le chemin spirituel, de donner les outils et le temps nécessaires afin de permettre aux gens et au groupe, tant personnellement que collectivement, d’explorer et de renforcer leur leadership fondé sur la foi. En ce sens, le leader doit générer un environnement de confiance afin que les membres du groupe expriment véritablement leurs sentiments, leurs idées, comprennent le projet et se situent par rapport à celui-ci.
Bref, le leader doit nous amener à revenir toujours à un questionnement primordial : Où Dieu nous appelle-t-il? Avons-nous sérieusement, dans la prière, considéré le défi devant nous? Notre ministère demeure-t-il le même?
Affronter la peur pour entendre le souffle de l’Esprit
L’écoute active et la patience donnent au leader le courage de nommer et de reconnaître le pouvoir de la peur. La peur est une émotion puissante. Elle peut rendre une situation irrationnelle, bloquer la pensée claire, soulever le doute et nous faire sombrer dans l’intransigeance. La peur peut rationaliser le statu quo et nous rendre sourds à la parole de Dieu, insensibles au souffle de l’Esprit saint qui est au milieu de nous. La peur peut également nous amener individuellement ou en tant que communauté à nous précipiter dans les solutions faciles ou dans la résolution de problèmes, sans réflexion.
L’histoire des Israélites répondant à l’appel de Moïse à quitter l’Égypte est bien connue par nous tous. Elle offre un exemple parfait d’une communauté plongée dans la peur et aveuglée par l’anxiété et l’incertitude. Moïse devait affronter ces émotions à la fois en tant qu’individu et en tant que leader. Jusqu’à ce que Moïse fasse face à la peur, il n’y avait aucune volonté de risquer une nouvelle direction, de dire oui au souffle de l’Esprit, de faire le deuil de la vie en Égypte pour la vie en terre promise.
Voyager ensemble
J’aime beaucoup cette réflexion de Lolly Daskal, tiré de The Leadership Gap : What Gets Between You and Your Greatness : « Nous prospérons lorsque nous partageons une direction et un sens commun de la communauté. Au lieu de voyager seuls, nous pouvons arriver là où nous allons plus vite et beaucoup mieux lorsque nous voyageons ensemble et que nous nous faisons confiance les uns les autres. »
L’approche contemplative
Un leader en ces temps ambigus et incertains tient compte de tous les aspects de la situation, regarde sous tous les angles la problématique, pose à voix haute moult questions, dans une perspective que sert bien l’approche contemplative. Le franciscain Richard Rohr souligne que la contemplation nous permet d’ouvrir nos cœurs, nos esprits et nos corps, en nous transformant, en nous conduisant vers une nouvelle manière de réfléchir, de comprendre et d’être présent. Cette pratique procure aussi un espace sécuritaire, où le cœur peut faire face à la confusion, à la douleur et à la peur, d’où nous pouvons aussi réaliser que « nous ne sommes pas seuls ». Ainsi, la contemplation peut nourrir un type de leadership qui ne consiste pas à donner des réponses, mais à proposer un processus. Un leadership qui guide et encourage l’exploration pouvant mener à une vision collective et à des changements directionnels concertés.
Comme un vol d’oiseaux migrateurs
Un élément clé pour un leader, particulièrement en cette période pandémique, est l’encouragement et le soutien continus du leadership nouveau et ancien au sein de la communauté. À quoi peut ressembler une direction durable basée sur la foi et au bénéfice de la communauté? Un modèle possible, c’est celui d’un vol d’oies blanches ou d’outardes se dirigeant vers le sud au début de l’hiver. Nous sommes tous familiers avec ces oiseaux migrateurs bruyants, qui traversent le ciel en formation en V.
En vol, ces oiseaux modélisent plusieurs traits d’un leadership durable : l’unité, l’encouragement, la loyauté et l’interdépendance au sein leur communauté. Lorsque le leader est fatigué, au lieu de ralentir le groupe, il se déplace vers l’arrière, et un nouveau leader prend sa place, suivant le chemin désigné par le groupe.
Être un leader, c’est permettre aux autres de le devenir et de prendre sa place. Dans la cacophonie de la volée en migration, les voix de tous sont importantes, celle du leader et celles des membres qui acceptent pendant une partie du trajet de se laisser devancer.