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L’âme de nos communautés 4 | Se dépasser par la spiritualité

| SÉRIE D’ARTICLES DE PATRICIA LISSON |


Une réflexion pratique sur l’espoir et le potentiel adaptatif de la foi.

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Dans sa précédente réflexion, Patricia Lisson abordait la façon dont la peur nous lie et nous condamne à la fois, en tant qu’individus et en tant que communauté, à l’immobilisme, au statu quo, ou nous amène à ressasser nos solutions éculées. À mesure que nous en prenons conscience, comment pouvons-nous dépasser nos peurs, nos appréhensions, nos angoisses et anxiétés?

Où cela nous conduit-il, en nous et hors de nous?

 

Bien que la peur ne soit ni matérielle ni tangible, nous la ressentons et comprenons les effets pervers qu’elle a sur nous tant dans nos corps que dans nos esprits. Comment surmonter ces états? La réponse n’est pas compliquée, mais elle requiert une praxis complexe : il est possible de se dépasser par la spiritualité! Développer une spiritualité personnelle nous permet de faire face à nos peurs; cela nous soutient, nous force à sortir de nous-mêmes et nous conduit vers la communauté en action.

 

Qui est Dieu dans nos vies?

Le dépassement nécessite un engagement continu à découvrir Dieu en nous. Mais, comment connaît-on Dieu? Qui est Dieu dans nos vies et qui sommes-nous par rapport à lui? Cette recherche pour découvrir et comprendre où Dieu est dans nos vies est d’une importance capitale. Cela nous conduit vers une découverte de Dieu.

Le franciscain Richard Rhor aborde ainsi cette démarche : « Dieu, il me semble, ne peut pas être connu pleinement, mais on peut certes le découvrir en étant en relation; ou bien comme de nombreux mystiques pourraient l’affirmer, nous pouvons connaître Dieu en aimant Dieu, en faisant confiance à Dieu, en plaçant notre espérance en lui [1]. » Il poursuit en disant que la relation avec Dieu repose sur notre capacité à nous abandonner, à reconnaître que nous ne connaissons pas Dieu et à entrer dans l’inconnu et la vulnérabilité pour être en relation avec lui.

 

Grâce à l’amour…

Ce lâcher-prise par rapport à ce que nous pensons savoir ou connaître de Dieu, en particulier dans notre société où tout est basé sur le rationnel, est contre-intuitif. L’histoire de Paul sur la route de Damas dresse le portrait d’un homme sensé et logique se réconciliant avec Dieu en abandonnant ce qu’il pensait savoir à son sujet. Ce n’est que dans son abandon de la logique et de la pensée rationnelle qu’il a pu découvrir Dieu. Paul décrit ainsi ce phénomène dans un passage biblique sur l’amour : « À présent, nous ne voyons qu’une image confuse, pareille à celle d’un vieux miroir; mais alors, nous verrons face à face. À présent, je ne connais qu’incomplètement; mais alors, je connaîtrai Dieu complètement, comme lui-même me connaît. » (1 Corinthiens 13,12, BFC)

Dans ce passage, selon moi, Paul se rend pleinement compte que la seule façon dont il peut cerner cette expérience mystique et lui donner un sens, c’est par le lâcher-prise : mettre en doute ce qu’il croit savoir de Dieu, en se plaçant ainsi de facto dans un état de vulnérabilité. Entrant dans l’inconnu, Paul est confronté à la décision de soit retourner à ses croyances, à sa vision du monde, soit pénétrer plus avant dans le mystère en vue de discerner la présence de Dieu. Pour moi, la réflexion de Paul sur la vie communautaire, en particulier dans ce chapitre biblique qui porte sur l’amour, le pousse et nous pousse à prendre le risque d’entrer dans ce nuage du mystère de Dieu, et ce, en toute confiance. En mettant ses peurs derrière lui, Paul a pu explorer l’idée et vivre l’expérience de ne plus compter sur une explication rationnelle de Dieu et de son amour. Nous devrions faire de même.

Un mystique anonyme du XIVe siècle aurait dit : « Nous pouvons aimer Dieu, mais nous ne pouvons pas le réduire par notre pensée… Grâce à l’amour, Dieu peut être résolument compris et présent… [2] ».

 

Un double mouvement : introspection et interaction

Comment peut-on découvrir Dieu et aussi ce qu’il attend de nous? Question difficile s’il en est une! Et elle implique une démarche spirituelle introspective. La recherche de Dieu nous oblige à nous mettre à risque, à plonger au milieu du mystère divin et à déconstruire notre concept de Dieu, d’une manière contre-intuitive, en porte-à-faux de notre mode de pensée rationnel. Ce processus est complexe et requiert du temps et de la patience, ce qui n’est pas simple dans nos vies mouvementées. En nous, en ce lieu intérieur de faiblesse et de vulnérabilité, Dieu nous demande de nous engager sérieusement dans le silence, en prenant le temps de nous impliquer dans la prière et de nous asseoir patiemment avec lui.

Une fois cette introspection terminée, la recherche du sacré doit toutefois nous ramener vers la communauté, notre lieu de praxis. Notre spiritualité nous donne la force d’être présents au monde!

Paula D’Arcy, souvent citée, dit : « Dieu vient à nous à travers nos vies. Nous ne pouvons connaître Dieu et la réalité divine que dans le contexte de notre expérience personnelle… [3] » D’ailleurs, Jésus ne nous a jamais appelés loin du monde qui nous entoure, mais il nous a invités à agir là où nous sommes. Les individus et les communautés de foi doivent nourrir leur chemin spirituel afin de réinventer fidèlement la manière d’interagir avec la communauté qui les entoure.

Dans le prochain article, je vais tenter de répondre à la question suivante : comment le leadership peut-il nous aider à discerner ce que Dieu attend de nous et à entrer dans une praxis dans nos communautés?

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[1] “God, it seems cannot be known, but only related to. Or as the mystics would assert, we know God by loving God, by trusting God, by placing our hope in God.”, tiré de Daily Meditation from the Center for Action and Contemplation.

[2] “God can be loved but not thought… By love, God can be embraced and held, but not by thinking …”, tiré de The Cloud of Unknowing, traduit en anglais moderne par Carmen Acevedo Butcher (Boston:  Shambhala Books, 2009).

[3] “God comes to us disguised as our lives. We can only know God and reality within the context of our personal experience…”

 

 

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