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| par Tyson Gofton |
Répondant à une invitation ouverte des Ministères en français, plusieurs personnes se sont réunies la fin de semaine du 8 novembre 2019 pour une retraite de ressourcement spirituel dans les Cantons de l’Est.
La neige tombait alors que nous montions dans les montagnes, transformant la forêt en domaine de silence, lieu idéal pour une réflexion et un ressourcement au sujet de l’accueil. C’est le centre spirituel Au tournant du cœur, lieu de rencontre interreligieux sur le versant sud du mont Sutton, qui nous hébergeait. Sous la direction de Pierre Morin et sa conjointe, Vivianne, le centre est propice au recueillement.
Samedi matin, le soleil s’est levé sur une perspective magnifique : la forêt enrobée de neige et la montagne éclairée de multiples lueurs. Nous nous sommes rassemblés pour discuter d’un texte difficile : l’histoire de la femme cananéenne de Mathieu 15, 21-28. Ce passage biblique nous raconte l’histoire d’une femme étrangère qui demande l’aide pour la guérison de sa fille. Pourtant, Jésus la lui refuse, d’abord par son silence, ensuite par un rejet. Mais la femme cananéenne ne s’est pas lassée, et c’est en raison de son insistance pour assurer un secours à sa fille qu’elle a été finalement reconnue : « Oh! que ta foi est grande », lui a dit Jésus.
Une vive discussion a suivi, chaque personne à tour de rôle incarnant le point de vue des personnages de cette histoire. Comment comprendre la demande de la femme? Pouvons-nous imaginer quelle était la perspective des disciples? Et comment interpréter le rejet de cette femme par Jésus?
Un temps de réflexion et de créativité a permis aux personnes présentes d’approfondir la question de l’accueil et de la rencontre au sein de leurs communautés de foi. Comment se préparer pour la rencontre avec autrui? Comment comprendre les besoins d’autrui en ce qui a trait au respect de sa dignité et de sa différence? Les participants provenaient de contextes de ministère variés, à Montréal, Ottawa et Toronto, sans oublier deux visiteurs de l’Église protestante unie de France, ce qui donne une idée de la diversité au sein de l’Église Unie du Canada. Le modérateur, Richard Bott, était aussi présent à titre personnel, comme membre d’une Église tant francophone que francophile. Si nous retrouvions une perspective commune dans le français (une langue seconde pour plusieurs parmi nous) et dans l’espoir de l’Évangile, cela ne nous a pas empêchés de pleinement vivre nos différences ensemble.
À travers la musique, la danse, des rituels et des prières, chaque personne apportait son unicité, et chaque contribution nous faisait connaître une autre façon de vivre, une autre façon de connaître l’Évangile, et une autre façon de se rapprocher de Dieu. Mais dans cette rencontre même des expériences variées et parfois si différentes, nous découvrons une nouvelle perspective sur la personne de Dieu. Dans l’accueil d’autrui, nous rallumons une lumière d’espoir qui a d’abord été allumée pour nous. L’hospitalité n’est ni charité ni échange, mais la gratuité du don de l’espoir.
C’est aussi la perspective de l’hospitalité qui a animé une célébration de partage : le partage du pain et du vin, et celui de nos chansons, de nos paroles et de nos prières. Dimanche après-midi, c’est en nous embrassant que nous sommes repartis vers nos propres communautés de foi. Mais nous nous sommes séparés avec une nouvelle énergie, sachant que nous ramenions avec nous un peu de cette lumière qui s’allume dans chaque nouvelle rencontre.
Je pense que Tyson était la bonne personne pour rédiger cet article. Tout en présentant de manière poétique le déroulement de notre séjour Au tournant du cœur, l’auteur nous laisse un résumé qui servira à n’en point douter, aux participantes et participants, de précieux matériau de poursuite de méditation sur l’accueil et la gestion du rejet ; la rencontre et l’hospitalité au sein de nos communautés à composante fortement inter-culturelle. Merci, Tyson.