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| par Suzanne Grenier |
Depuis le 25 mai 2019, au Québec, une instance régionale réunit de nouveau les communautés de foi francophones et anglophones de l’Église Unie du Canada. Attachée à ses sources, inspirée par l’Esprit, l’organisation protestante continue de se renouveler en célébrant la diversité.
Alors que le contexte social tend à marginaliser la religion, l’Église Unie du Canada (ÉUC) cherche dans sa pratique à relever les défis collectifs de notre époque. Comme plusieurs autres organisations, elle tente bien sûr d’optimiser des ressources qui se raréfient. Là où son parcours devient particulièrement intéressant, c’est dans sa manière de s’actualiser malgré les courants adverses comme foyer de convergence intergénérationnelle et interculturelle.
Au cœur de la démarche de l’ÉUC, il y a la conviction profondément ressentie par ses membres – et proclamée par son actuel modérateur, le pasteur Richard Bott – que Jésus demeure un guide éclairant pour notre temps. S’il y a une fibre orientée vers le passé dans cette Église protestante, c’est donc celle qui la conduit à puiser inlassablement son inspiration à cette source biblique. Ce qui en découle, c’est une tradition communautaire largement inclusive et à maints égards révolutionnaire, engagée au présent dans l’axe de la justice sociale.
Le nouveau Conseil régional Nakonha:ka fusionne deux niveaux de la structure antérieure de l’ÉUC et réunit la plupart de ses communautés de foi du Québec (à l’exception des régions de Gatineau et de Gaspé, rattachées à l’Ontario et aux Maritimes). La nouvelle gouvernance maintient une instance nationale et des conseils régionaux, mais envisage un développement qui se fera davantage en réseau, avec l’aide des TIC.
Le nom Nakonha:ka, en langue mohawk, a été forgé par l’Aîné Harvey Satewas Gabriel, de Kanesatake, et désigne « le peuple de l’Est ». Mentionnons que déjà, en 2012, l’écusson de l’ÉUC a été modifié pour reconnaître l’apport des Autochtones et de leur spiritualité à son histoire.
Depuis 1985, le principal lieu de décision et d’expression identitaire francophone au sein de l’ÉUC était le Consistoire Laurentien. Ce qui était né d’un besoin a toutefois fini par isoler les communautés linguistiques les unes des autres, jusqu’à creuser un clivage. Le Conseil régional Nakonha:ka réunit de nouveau anglophones et francophones, mais en comptant sur une Table des ministères en français, selon un modèle équilibré de double appartenance qui prévoit des « alliances » négociées entre la Table et les autres instances de l’ÉUC. Il sera instructif d’observer comment cette variante collaborative agencera des solutions originales devant les défis du bilinguisme et de la diversité culturelle, qui sont bien présents dans la réalité québécoise et canadienne d’aujourd’hui.
Plusieurs motions adoptées au cours de la réunion inaugurale avaient été préparées par une Commission de transition, dont les nominations à la présidence et à l’exécutif du nouveau conseil régional. La pasteure Linda Buchanan, de Lennoxville United Church, sera la première présidente du Conseil régional Nakonha:ka, pour un mandat de deux ans. Suivant les règles de gouvernance, l’exécutif présente une diversité et un équilibre entre personnes laïques et ordonnées, entre régions géographiques et communautés linguistiques, et en ce qui a trait au genre.
Autre symbole de renouveau, la réunion historique s’est terminée par une célébration de deux nouveaux ministères. Ryan Fea a beaucoup travaillé à la promotion des droits et à l’éducation auprès des personnes LGBTBA, auprès de réseaux de personnes aînées, de même qu’auprès des jeunes et des jeunes adultes. Maintenant ordonné comme pasteur, il s’apprête à assumer la charge pastorale Merging Waters, dans l’ouest de Montréal. Admis comme pasteur provenant d’une autre Église chrétienne, Young-Ho Jang, originaire de la Corée du Sud, œuvrera à la fois en tant qu’enseignant à temps partiel à l’Université McGill et dans le cadre d’une charge pastorale à la Mid-Laurentian United Church, à Rawdon.
Bravo pour la première envolée de la srtructure nouvelle. Longue vie et surtout un bon vent pour nous tous
Jean Porret