| MÉDITATION |
| Par Joëlle Leduc |
Après le tremblement de terre, il y eut un feu;
mais le Seigneur n’était pas présent dans le feu.
Après le feu, il y eut le bruit d’un léger souffle.
(1 Rois 19.12)
La prière peut-elle être un dialogue? Est-ce que Dieu nous parle? Est-ce que Dieu répond quand on prie?
Parfois, nos prières semblent se heurter à un mur de silence. Parfois, on se sent comme Job qui crie à l’Éternel pendant une trentaine de chapitres et on a l’impression que le discours dans l’ouragan ne viendra jamais. « Dans la ville les gens se lamentent, le râle des blessés hurle, et Dieu reste sourd à ces infamies! » (Job 24.12 TOB)
Est-ce qu’on prend vraiment la prière comme un dialogue, ou comme une liste d’épicerie? Est-ce que Dieu est notre Créateur et notre Saint Parent qui nous regarde avec amour et compassion ou est-ce une machine distributrice de souhaits qu’on confond aisément avec le Père Noël?
Habitués que nous sommes à une société de performance, nous cherchons les bons mots; la formulation parfaite alliant une profonde réflexion théologique à une poésie des plus esthétique. Et dans notre société vouée à l’efficacité, nous comblons le silence de ces mots. Aussitôt ces mots achevés, il est temps de passer à la suite du programme : le prochain cantique, la prédication, les offrandes, le conseil de paroisse… Ou s’il s’agit d’une prière personnelle, la prochaine tâche : « Prière »? C’est fait! Prochain item sur la liste : « Me brosser les dents. »
Nous voici pleins de mots, à faire, pensons-nous, notre part du dialogue! Mais où est la Parole de Dieu? Où est sa réponse à nos demandes ou à notre louange? Nous oublions dans le processus qu’un dialogue ne se résume pas à une succession de mots, mais demande aussi le silence et l’écoute.
C’est ce qu’on pourrait appeler aussi la contemplation. S’arrêter et porter attention à la présence de Dieu qui s’exprime souvent de manière inattendue! Le prophète Élie a rencontré Dieu, non pas dans une grande bourrasque de vent, ni dans un tremblement de terre, ni dans un incendie, mais dans un tout petit murmure… Presque un silence. (1 Rois 19.11-12)
Le dialogue avec Dieu se trouve au-delà des mots, sous les mots, parfois même sans les mots. L’apôtre Paul nous dit : « De même, l’Esprit aussi vient en aide à notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut, mais l’Esprit lui-même intercède pour nous en gémissements inexprimables. » (Rom. 8.26 TOB) Jésus lui-même nous prévient de ne pas trop nous empêtrer dans nos mots : « Quand vous priez, ne rabâchez pas comme les païens; ils s’imaginent que c’est à force de paroles qu’ils se feront exaucer. » (Matt. 6.7 TOB)
Si ce ne sont pas nos mots qui sont importants pour la prière, et si la réponse de Dieu se fait petite comme un murmure, presque un silence, comment la prière peut-elle être un dialogue? En fait, la prière contemplative nous rappelle que l’élément le plus important du dialogue, c’est l’écoute. C’est en nous mettant à l’écoute que nous pouvons recevoir la disposition du cœur de l’autre et offrir la nôtre en échange.