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La fin du monde tel que nous le connaissons

Dans le cadre de la semaine de la Terre, la modératrice Carmen Lansdowne réfléchit aux gestes et aux choix en faveur de la justice climatique qui sont susceptibles de préserver notre avenir.

Photo: FG Trade Latin / iStock

Depuis un certain temps, le Jour de la Terre semble passer inaperçu, à moins que l’on soit impliqué dans l’organisation de manifestations ou que l’on participe à de tels événements. Or il y a 30 ans, le Jour de la Terre était lié à des enjeux concrets : sauver une espèce en protégeant son habitat, réparer le trou dans la couche d’ozone en limitant l’utilisation des aérosols ou sauver les forêts en recyclant le papier. Il était généralement difficile de prendre part aux mesures environnementales qui s’imposaient, mais en surface, nous pouvions poser des gestes simples et concrets qui nous paraissaient avoir un impact.

Cela dit, l’urgence climatique n’est plus seulement un problème important à résoudre, mais également une menace qui pourrait mettre fin au monde tel que nous le connaissons, comme l’a récemment mentionné le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) lors de la publication de son sixième rapport d’évaluation (en anglais seulement). Bien que les politiques et les lois exigeant des mesures d’atténuation se soient multipliées depuis le dernier rapport, il est probable que le réchauffement climatique dépassera le seuil de 1,5 °C d’ici 2030 (en anglais seulement) en raison des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Il sera alors encore plus difficile de maintenir l’augmentation de la température sous la barre des 2 °C.

Que faire alors?

Le rapport du GIEC estime que les quatre déclarations suivantes présentent un degré de certitude très élevé (c’est ici que la fin du monde commence) :

  1. Pour chaque degré de plus au thermomètre, les risques, les effets destructeurs et les pertes associés aux changements climatiques s’accentueront.
  2. Les changements climatiques menacent le bien-être de l’humanité et à santé de la planète.
  3. La période durant laquelle il est toujours possible d’assurer à chacune et chacun d’entre nous un avenir habitable et durable se rétrécit rapidement.
  4. La prise au cours de la présente décennie de mesures d’atténuation soutenues, rapides et ambitieuses, ainsi que de mesures d’adaptation accélérées, permettra de réduire les pertes et dommages envisagés pour les êtres humains et les écosystèmes.

Ce n’est pas seulement un problème important, c’est aussi un problème complexe et urgent.

Les lois et les systèmes de gouvernance ne permettent pas toujours de résoudre des problèmes complexes, parce que leurs solutions sont généralement uniques et peu adaptées aux particularités de chaque situation. Cela ne veut cependant pas dire que les lois sont inutiles, mais il est primordial que nos solutions soient souples et adaptables, afin de répondre efficacement à la crise climatique. Lorsque nous percevons un problème complexe comme une menace, qu’elle soit réelle ou fictive, notre cerveau semble perdre sa capacité de penser de manière créative.

Mais supposons un instant que la fin du monde tel que nous le connaissons, ce soit en fait la fin des contraintes du monde tel que nous pensons le connaître.

Supposons que nous n’avions pas à choisir entre l’économie et l’environnement.

Supposons que nous mettions en place des mesures incitatives et des mesures punitives pour pousser les différents secteurs, les foyers et les personnes à changer leurs habitudes de manière à améliorer les indicateurs climatiques au cours de la décennie.

Supposons que nous acceptions le fait qu’il n’y a pas de solutions universelles et que nous fassions ce que nous avons pu, même si cela nous paraît bien peu : décarboniser nos entreprises, utiliser les transports en commun, opter pour des vacances au pays plutôt qu’à l’étranger, ou encore choisir de voyager hors du pays, mais en faisant l’effort de subvenir à nos besoins énergétiques quotidiens grâce aux énergies renouvelables.

Par-dessus tout, nous devons discuter des attentes que nous avons les uns et les unes à l’égard des autres. Il ne faut cependant pas le faire dans un esprit de confrontation où chacune et chacun blâme l’autre pour ses lacunes, mais plutôt de manière à nous inspirer mutuellement.

La vérité, c’est que le statu quo concernant l’urgence climatique est une mort à petit feu. Cela me rappelle une phrase qu’une personne avait dit à ma famille après la mort de mon frère aîné, il y a 20 ans : on ne peut rien faire, mais tout peut faire aidera.

Alors que la situation économique actuelle et la hausse de l’inflation nous poussent à réfléchir sérieusement à notre situation financière personnelle et à celle de nos gouvernements, nous devons également réfléchir à la situation climatique. Nous devons donner à nos politiciens, nos politiciennes et nos fonctionnaires les moyens de mettre en place un budget carbone qui permettra au Canada de respecter ses engagements internationaux.

En 2022, l’Église Unie du Canada s’est engagée à réduire ses émissions de carbone de 80 % d’ici 2030. C’est d’ailleurs cette année-là que le réchauffement climatique atteindra 1,5 °C, selon le GIEC.

C’est dans sept ans.

C’est une période raisonnable pour être en mesure d’observer des réductions concrètes, mais également pour élaborer et mettre en œuvre un plan d’action. Travaillant actuellement en collaboration avec 260 paroisses pour améliorer l’efficacité énergétique de leurs bâtiments, nous avons l’ambition d’élargir cette initiative à 500 communautés d’ici 2025. Les projets réalisés à ce jour ont permis d’économiser l’équivalent de 628 tonnes métriques de CO2, soit l’énergie annuelle consommée par 147 résidences.

Nous nous engageons également à faire pression sur les gouvernements provinciaux et fédéral pour qu’ils prennent des mesures climatiques audacieuses, en plus de reprendre le bâton du pèlerin, comme en 2015 lorsque nous avons retiré nos investissements du secteur des combustibles fossiles, en intensifiant nos activités d’influence en faveur de la lutte climatique auprès des entreprises et par le biais de nos investissements.

Que votre motivation soit la justice sociale, la foi, la résilience économique ou la science, décider d’agir et agir dès aujourd’hui peut avoir un effet bénéfique pour l’avenir. Mettons fin au monde tel que nous le connaissons et favorisons l’émergence de nouvelles percées créatives, innovantes et responsables, afin de faire baisser le mercure.

Êtes-vous des nôtres?

 

En juillet 2022, la pasteure Carmen Lansdowne, Ph. D., Kwisa’lakw, a été élue modératrice de l’Église Unie du Canada. Membre de la Première Nation Heiltsuk, elle a été ordonnée en 2007 et a depuis servi l’Église à l’échelle locale et nationale, et auprès du Conseil œcuménique des Églises. Elle est actuellement en congé de son poste de directrice générale de la First United Church Community Ministry Society, qui est au service de la population du quartier Downtown Eastside de Vancouver.

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