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« J’étais enfin Coralie » : témoignage d’une personne trans

Coralie Verret.

Je suis née en l’an 1953. Né dans le genre masculin. Je fus adopté à l’âge de 9 mois. Ma mère a adopté une fille deux ans plus tard, car le médecin qui la suivait lui avait dit qu’elle ne pourrait pas avoir d’enfants. Des fois, la vie change. Après cela, elle a eu trois autres enfants. Donc je suis l’ainé d’une famille de cinq enfants.

J’avais une enfance normale jusqu’à l’âge de dix ans; je fus agressé sexuellement par un homme de 34 ans qui était en pension chez nous. Cette relation avec lui dure deux ans jusqu’à ce que la police l’arrête pour pédophilie visant plusieurs enfants de notre âge. C’est ainsi que j’ai connu la sexualité.

Ensuite, je suis comme les autres ados jusqu’à environ 18 ans. J’ai connu une fille qui devint ma première femme. Nous avons eu deux enfants, un garçon et une fille. De temps à autre, il me revenait dans la tête les relations que j’avais eues plus jeune avec des personnes plus âgées que moi. Lorsque je le faisais, je n’en ressortais pas satisfaite.

J’ai toujours cherché la personne que j’étais. Vers l’âge de trente ans, ça allait mal dans notre couple et pour l’arranger j’ai connu les milieux évangéliques baptiste et pentecôtiste. Notre vie de couple allait bien, on sortait avec des chrétiens en soirée de prière et partage de la bible. Donc pas de tricherie.

En 1990, ma femme décide d’aller travailler, donc finit les relations avec les chrétiens évangéliques. Elle ne voulait pas parler de cela avec ses nouvelles amies. Moi, dans ce temps-là, ma recherche de sexualité recommence. Je commence à avoir des pensées de transsexualité, je commence à m’habiller avec quelques vêtements féminins et j’en parle à mon épouse. Elle me traite de malade. Je mets ça sur la glace et on n’en parle plus.

En 1993, désastre. J’ai 40 ans, je suis vieux, je dérape, je sors le soir : boisson et joints de haschisch et sorties dans des endroits explicites. En deux ans, j’ai détruit ma famille. En 1995, je pars de la maison avec quelques valises et mon véhicule automobile – pas grand-chose après 27 ans de travail. Ma nouvelle conjointe me ramasse chez elle. Je déclare faillite, car je ne peux pas payer une maison, des meubles et une pension alimentaire. Je continue à boire, mais pas de haschisch. Je commence à avoir des pensées suicidaires. Je fais une dépression et je continue l’alcool avec des antidépresseurs.

Souvent j’ai des black-outs. Ça ne va pas bien à l’intérieur, mais Dieu est là qui veille. Il me fait connaître les alcooliques anonymes le 26 janvier 1996. Je n’ai jamais pris d’alcool après cela. Ma puissance supérieure c’était Jésus Christ. Je me remarie en 1998. Ça va bien, mais il me manque quelque chose à mon bonheur.

Une journée, je vais acheter du linge féminin et le soir je mets cela après mon bain et je vais voir ma conjointe ainsi. La même réponse que la première épouse : je suis un …%$?#* de malade. Donc je remets ça sur la glace. J’aime ma conjointe, mais il manque quelque chose. Là, je sors avec des trans et j’aime cela. Je commence à sortir en femme et ma conjointe lorsqu’elle me voit ainsi me dit que je ne suis plus la même personne. On se sépare en 2008 et je prends un appartement. Je me sens triste, seule à me travestir et à revenir avec rien.

Un jour que je suis triste, je me regarde dans le miroir et je n’avais jamais vu mes yeux. Je me suis dit, tu as donc bien de beaux yeux et tu sais ce que tu dois faire. J’en ai parlé à ma conjointe avec qui j’étais séparé. Elle m’a encouragé à le faire. J’ai consulté un endocrinologue et il a accepté mon hormonothérapie en 2008. Je travaillais encore et les seins me poussaient. J’allais travailler avec des pantalons féminins et des vestons féminins. Les gars qui travaillaient avec moi se moquaient de ma poitrine qui grossissait, et mon genre changeait.

J’ai pris ma retraite à 56 ans après 37 ans de travail. Je suis chanceuse, j’avais un bon fonds de pension. Je suis revenue vivre avec ma conjointe et tout va bien. Ça ne la dérangeait pas. Mon changement de nom a eu lieu en 2011. J’étais enfin Coralie. Je cherchais une communauté de foi qui ne me jugerait pas de vivre avec une femme. En 2012, je crois, je suis devenue membre de l’Église Unie Saint-Pierre et Pinguet. Ça n’a pas toujours été facile : mes enfants avaient arrêté de me parler, je ne voyais plus mes petits enfants. À force de prières, j’ai revu mes petits enfants. Je m’entends bien avec ma fille, mais c’est difficile avec mon garçon.

Depuis 2009, je lis la bible tous les jours. Je peux vous dire avec certitude que Jésus Christ est toujours près de moi. Il m’a sauvé pour la vie éternelle, mais il me protège chaque jour. Merci de m’avoir lue.

 

– Coralie Verret est membre de l’Église Unie Saint-Pierre et Pinguet. Le lundi 14 mars, pour marquer la Journée d’affirmation, elle participera à un panel intitulé Parcours de foi chrétienne d’une personne trans et d’une autre gaie, avec Stéphane Youdom du Cameroun qui a subi une expérience de thérapie de la conversion. La soirée sera animée par Nicole Hamel.

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