Né au moment de la conquête française, Dia Houphouët, devenu en 1915 Félix Houphouët, puis Houphouët-Boigny en 1945, domine de sa stature l’histoire de la Côte d’Ivoire du XXe siècle. Formé à l’action syndicale, puis politique, dans la coopération avec la métropole, il est, de 1960 à 1993, le premier président de la Côte d’Ivoire indépendante. Il s’efforce d’en faire un État-nation unitaire par une politique de modernisation économique et sociale. Même si les bases de ce système se fissurent à partir de 1980, il garde jusqu’à sa mort les commandes d’un pays qu’on avait surnommé, à une époque, « la Suisse de l’Afrique. »
Descendant de notables baoulés, Dia Houphouët, converti au christianisme sous le prénom de Félix en 1915, est formé à l’école de la République française. Comme médecin à partir de 1925, il se signale par sa dénonciation des abus faits aux planteurs africains par la métropole. Devenu en 1939 administrateur de son canton d’origine, il y met en œuvre les principes modernisateurs qu’il appliquera à tout le pays après 1960. Fondateur en 1944 du Syndicat agricole africain, il est en 1945 le seul député autochtone de la Côte d’Ivoire à l’Assemblée constituante française. C’est alors qu’il prend le nom de Houphouët-Boigny.
Restant député jusqu’à la chute de la IVe République française, il conçoit son action politique aussi bien dans le cadre ivoirien, en fondant en 1946 le PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire), que panafricain, en présidant jusqu’en 1959 le Rassemblement démocratique africain (RDA), et français. D’abord compagnon de route du parti communiste – seule formation politique française anticolonialiste –, il s’en éloigne après 1950. Devenu dès lors l’interlocuteur incontournable de la France en Côte d’Ivoire, il est de tous les gouvernements français, de 1956 à 1959. L’un des rédacteurs de la constitution de la Ve République, favorable à la communauté franco-africaine prônée par de Gaulle, il se résout néanmoins à proclamer en 1960 l’indépendance de la Côte d’Ivoire, dont il devient, sans surprise, le premier président.
Jusqu’en 1980, Houphouët-Boigny est perçu comme le père de la nation. Misant sur la modernisation économique et sociale, il préside au « miracle ivoirien ». Par sa diplomatie panafricaine et pro-occidentale, il se taille une image de « sage de l’Afrique », qui fait écho à celle du « Vieux », du patriarche bienveillant, qu’il entretient à l’intérieur du pays. Des fissures apparaissent dans ce système à l’orée des années 1980, avec le recul des prix des denrées d’exportation et le creusement de la dette extérieure. L’aspiration à la démocratie en profite pour s’exprimer, et donc, il accepte le pluralisme politique en 1990. Il reste président jusqu’à sa mort en 1993.
• Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9lix_Houphou%C3%ABt-Boigny