Apprentissage
Ce texte a été rédigé à l’origine dans le cadre d’une série pour la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale en 2021. La personne qui en est l’auteur souhaite garder l’anonymat.
J’ai une forte aversion pour le mot racisme, et je m’explique : ma race n’est pas le problème. Les corps bruns et noirs sont autant de preuves vivantes que nous avons survécu. Le racisme constitue une forme de violence à l’égard des corps bruns et noirs, et si nous, en que société, voulons en guérir, il faut demander aux oppresseurs – la population blanche et les systèmes blancs – des comptes sur leurs manières violentes et les amener vers la transformation et la guérison. Par conséquent, lorsque nous parlons du démantèlement de la suprématie blanche, de la décolonisation, de la lutte contre le racisme et de toutes les autres bonnes choses, nous devrions également ajouter une autre étape qui consiste à demander à la population blanche de se mobiliser davantage pour la création d’un monde sûr pour les personnes de couleur.
Arrêtons-nous un moment pour réfléchir à la Commission de vérité et de réconciliation. Pendant une bonne partie de ce processus, des survivantes et des survivants des pensionnats indiens sont venus raconter ce qu’ils ont subi de violence et de traumatismes à un groupe de commissaires. Bien que les audiences de compensation pour les violences subies se soient déroulées à huis clos, ils ont été forcés de parler publiquement des traumatismes de leur enfance dans le but de déterminer à quoi pourrait ressembler un dédommagement de la société. Malgré le fait que le Canada et les Églises se soient excusés, les coupables demeurent protégés et leur identité ne sera jamais connue. Plusieurs des anciens élèves ont été blessés et outrés que les personnes qui les ont maltraités n’aient jamais reconnu publiquement l’avoir fait. La population blanche du Canada n’a pas non plus exigé des comptes en déposant des accusations criminelles.
La culture de la suprématie blanche repose sur de grandes et de petites choses – pour maintenir sa position d’autorité, pour éviter le rejet ou le jugement, et pour sauver les apparences. Cette culture a créé une société qui tolère le racisme et qui n’exige pas de mettre fin à la violence, à l’oppression, à l’accaparement des richesses et à des pratiques injustes de répartition des terres.
Le racisme est un acte de violence et la guérison de notre société doit se faire avec la population blanche. Pour guérir, les Canadiennes et les Canadiens blancs doivent reconnaître la vérité, à savoir que le problème du racisme commence (et se termine) avec eux.
Quand je me suis mis à penser à ajouter cette étape, c’est-à-dire la mobilisation active de la population blanche, aux mesures actuelles de lutte contre le racisme, j’ai consulté certaines des étapes qui sont exigées dans les programmes de traitement pour d’autres dépendances. Je sais qu’il y a des gens qui adhèrent au programme en 12 étapes et un grand nombre qui ne l’approuve pas, mais faites-moi plaisir pendant une seconde et jetez un coup d’œil sur les 12 étapes de Violence Anonyme :
- Nous admettons que nous sommes impuissants devant la violence – nous avons perdu la maîtrise de notre vie.
- Nous croyons qu’une puissance supérieure à nous-mêmes peut nous rendre la raison.
- Nous décidons de confier notre volonté et notre vie aux soins de Dieu tel que nous le concevons.
- Nous avons procédé sans crainte à un inventaire moral approfondi de nous-mêmes.
- Nous avouons à Dieu, à nous-mêmes et à un autre être humain la nature exacte de nos torts.
- Nous sommes tout à fait prêts à ce que Dieu élimine tous ces défauts.
- Nous demandons humblement à Dieu de faire disparaître nos défauts.
- Nous avons dressé une liste de toutes les personnes que nous avons lésées et nous consentons à réparer nos torts envers chacune d’elles.
- Nous réparons nos torts directement envers ces personnes dans la mesure du possible, sauf lorsque ce faisant, nous risquons de leur nuire ou de nuire à d’autres.
- Nous poursuivons notre inventaire personnel et nous admettons promptement nos torts dès que nous nous en apercevons.
- Nous cherchons dans la prière et la méditation à améliorer notre contact conscient avec Dieu, tel que nous le concevons, lui demandant seulement de connaître sa volonté à notre égard et de nous donner la force de l’exécuter.
- Ayant connu un réveil spirituel comme résultat de ces étapes, nous essayons alors de transmettre ce message à d’autres et de mettre en pratique ces principes dans tous les domaines de notre vie.
Que se passerait-il si nous demandions que soient suivies ces 12 étapes aux personnes blanches qui cherchent à se guérir de leur propre culture de suprémacie blanche?
- Nous admettons que nous avons pris une part active dans le racisme et que plusieurs personnes de couleur en souffrent parce que les personnes blanches n’ont pas voulu céder leur pouvoir.
- Nous croyons que la race est un concept social; les races n’existent pas et le pouvoir que la population blanche détient est destructif.
- Nous désapprendrons le comportement suprématiste et nous croyons vraiment que pour le Créateur, les personnes blanches ne sont pas supérieures à toutes les autres.
- Nous procéderons sans crainte à un inventaire moral approfondi de nous-mêmes.
- Nous avouerons au Créateur, à nous-mêmes et à un autre être humain la nature exacte de nos torts.
- Nous sommes tout à fait prêts à travailler avec nous-mêmes, le Créateur et une personne agissant à titre de mentor pour éliminer tous ces défauts.
- Nous demandons humblement au Créateur de nous aider à faire disparaître toute idéologie et croyance suprématistes.
- Nous dresserons la liste de toutes les personnes à la peau noire et brune que nous avons lésées et nous réparerons nos torts envers tous ces gens.
- Nous réparerons nos torts directement auprès de ces personnes dans la mesure du possible, sauf lorsque, ce faisant, nous risquons de leur nuire ou de nuire à d’autres.
- Nous poursuivrons notre inventaire personnel; chaque fois, nous admettrons quand nous aurons tort.
- Nous chercherons dans la prière et la méditation à améliorer notre contact conscient avec le Créateur, tel que nous le concevions, lui demandant seulement de connaître sa volonté pour tous les peuples et de nous donner la force de l’exécuter.
- Ayant connu un réveil spirituel comme résultat de ces étapes, nous essayerons alors de transmettre ce message aux personnes blanches et de mettre en pratique ces principes dans tous les domaines de notre vie.
Ça semble un peu ridicule de s’attendre à toutes ces choses de la part des personnes blanches, n’est-ce pas? Pourtant, je trouve qu’il est temps que nous mettions fin à la langue de bois et que nous éliminions la formation sur la diversité des personnes reposant sur le modèle Formez-nous de sorte que nous ne vous opprimions plus. Nous passons à côté de quelques étapes importantes dans la formation sur la lutte contre le racisme, et la première étape consiste à faire comprendre à tout le monde que le problème ne réside pas dans la race – l’idéologie de la suprématie blanche constitue la cause profonde de l’oppression raciale. L’autre étape dont je déplore l’absence est de demander aux personnes blanches de s’asseoir, de dresser un inventaire personnel et de s’exprimer en toute franchise.
Autrement, comment ces personnes pourraient-elles commencer à changer?
Comment pourraient-elles devenir une population plus bienveillante et plus sympathique si elles ne commencent pas à assumer une certaine responsabilité?
Réflexion sur la foi
Alana Martin
Dieu,
Nous, en tant que personnes blanches, admettons avoir pris une part active dans le racisme
et nous comprenons que le pouvoir est destructeur.
Nous sommes résolus à désapprendre le comportement suprématiste
en faisant un examen de conscience, en scrutant notre histoire et nos actions.
Nous nous présentons devant toi, prêts à travailler sur nous-mêmes
et nous te demandons humblement de faire disparaître nos idéologies et comportements de suprématie blanche.
En dressant la liste des gens que nous avons blessés,
nous laissons la réalité de nos actions nous interpeller et nous transformer.
Et que ces personnes puissent trouver leur propre guérison dans ce monde brisé.
Nous menons une vie d’erreurs, mais en essayant de notre mieux
pour réduire les torts que nous pouvons causer
et pour faire preuve d’humilité quand nous faisons des gaffes.
Nous nous engageons à amener les autres à cheminer avec nous.
Avec toi.
Puisque la sécurité, la vie et l’avenir des autres sont en jeu.
Amen.
Activité pour les enfants
Le Canada est un pays où règne la diversité en plus d’être la patrie de millions de personnes. Malgré sa diversité, les peuples autochtones et racisés, de même que plusieurs minorités, n’ont pas été traités de façon juste et équitable. Les colonisateurs européens sont venus et se sont emparés des terres qui appartenaient aux peuples autochtones. Ils ont également édicté de nouvelles lois leur permettant de décider du lieu de résidences des peuples autochtones, d’interdire les cérémonies et d’enlever de force les enfants autochtones à leur famille. Cette promulgation de l’idéologie de la suprématie blanche constitue un acte de génocide. Le Canada a également réduit en esclavage les personnes noires et a imposé la servitude aux peuples racisés.
Plusieurs incidents de racisme et de violence à l’égard des personnes autochtones et noires se poursuivent dans nos communautés. Les réalités découlant de la présence de cette idéologie dans notre pays signifient que certaines personnes ne croient toujours pas que des gens de toutes les identités raciales méritent de recevoir la même dose d’amour et de gentillesse et d’aspirer aux mêmes droits de la personne; par conséquent, des Autochtones et des personnes racisées continuent de subir de la violence et des traumatismes raciaux.
Comment peut-on parler aux enfants de la suprématie blanche et de sa réalité au Canada? Comment peut-on élever des enfants dans l’intention qu’ils s’opposent au racisme et qu’ils s’efforcent de démanteler la suprématie blanche? Cet article suggère quelques idées. Ajoutez-y vos propres idées et faites participer les enfants aux discussions portant sur la culture de la suprématie blanche.
Engagement collectif
Alana Martin
Dans son livre Moi et la suprématie blanche, Layla Saad propose un défi de 30 jours et une expérience d’apprentissage qui amènent quiconque ayant un privilège blanc (ou qui dispose d’un tel privilège en passant pour une personne blanche) à remettre en question les concepts de racisme et de privilège auxquels on adhère. Ce faisant, le lecteur ou la lectrice peut commencer à changer et à se montrer responsable en ce qui a trait à la lutte contre le racisme.
En tant que groupe, famille ou personne, relevez le défi de 30 jours. Chaque jour, il y a de la lecture et une réflexion à faire ainsi qu’une action à poser. L’autrice indique très clairement qu’on ne se contente pas de lire et d’apprendre grâce à ce livre – on FAIT le travail qui s’impose à quiconque dispose d’un privilège blanc.
Tout au long de cet apprentissage concret, effectuez un inventaire personnel des échecs et des blessures du passé ainsi que de l’idéologie et des croyances discriminatoires, et assumez la responsabilité en réparant vos torts et en changeant votre façon d’entrer en relation avec le monde.
Défense des droits
Alana Martin
L’une des plus grandes revendications du mouvement Les vies noires comptent consiste à couper les vivres aux services de police et à se servir de cet argent pour soutenir et écouter les personnes marginalisées afin d’assurer la sécurité de toute la population.
Defund the Police [Définancement de la police] dispose de plus de renseignements et de ressources pour aider à en savoir plus. On peut également effectuer une recherche pour une région en particulier et rédiger une lettre à l’intention de son représentant local.
Cette information et cette action ont un lien direct avec étapes 1, 3, 4, 6 et 7 des 12 Steps for White People Seeking to Heal for Their Own White Supremacy [12 étapes pour les personnes blanches qui cherchent à se guérir de leur propre culture de suprématie blanche].