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Différence ou altérité?

 

| CHRONIQUE | DU VENT! POUR CHANGER D’AIR… |

| par Didier Fiévet |

 

La différence se peint sur le mur des semblables, une façon de décliner le même.

L’altérité suppose au contraire une étrangeté foncière. Voilà donc deux façons d’accueillir autre que soi. La première veut abolir les frontières pour le rencontrer, la seconde fait de la frontière le lieu de la rencontre.

On croit souvent que notre identité tient à notre différence. Dès lors, on est tenté de la cultiver. Si bien qu’un jour on s’aperçoit qu’on est à son service. Et, à vouloir être soi-même, on finit par tous porter le même masque de la différence affichée. Semblables en se voulant différents1!

À y bien regarder, il faut aussi convenir qu’en nous siège un étranger. Plus nous-mêmes que nous-mêmes : il y a tant de choses que nous faisons ou disons qui nous échappent! Étrangeté mouvante, brutale parfois, gonflée de déferlantes sidérantes. Vouloir en prendre le contrôle, la coloniser s’avère impossible. Il faut vivre avec cette étrangeté sous peine de se détruire soi-même.

Il se pourrait aussi que notre identité ne repose pas toute en nous, comme une donnée biologique, affective, culturelle ou historique. Il se pourrait que notre identité ne soit pas derrière nous, mais devant nous, comme un à-venir. À l’extérieur de nous. Comme une altérité qui vient à notre rencontre. Première. Une parole qui au jour le jour2 appelle à devenir, à la faveur de cette rencontre.

Une identité qui échappe à toute étiquette, à toute obligation d’utilité ou de rentabilité, à toute nécessité de justification, à toute finalité3… c’est peut-être ainsi qu’on peut comprendre le mot salut? En tout cas, c’est le socle d’une liberté qui fait la différence.

 

  1. Le film The Truman Show (Le show Truman au Québec), de Peter Weir avec Jim Carrey, sorti en 1998, en est une bonne illustration.
  2. Apocalypse2,17 : « Aux vainqueurs je donnerai de la manne cachée. Je donnerai aussi à chacun d’eux un caillou blanc sur lequel est inscrit un nom nouveau, que personne ne connaît sinon celui qui le reçoit.»
  3. Lettre aux Galates, 3,28 : Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Jésus-Christ.

 

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