L'Église Unie du Canada

Menu

De la doctrine de la découverte à la reconnaissance du territoire

 

| NUMÉRO HORS SÉRIE « VÉRITÉ ET RÉCONCILIATION : LES AUTOCHTONES ET L’ÉGLISE » |

 

Dans son rapport final publié en 2015, la Commission de vérité et réconciliation soulignait que la « doctrine de la découverte » se fait toujours sentir au XXIe siècle. Cette doctrine fait référence à une série de proclamations pontificales fondées sur l’idée que les Européens avaient découvert les terres qu’on appelle aujourd’hui les Amériques. Cette perspective ignore le fait que beaucoup de nations et de peuples, possédant une culture et une spiritualité riches, habitaient déjà ces terres.

Cette prétendue « découverte » se fonde sur l’idée que seuls les chrétiens étaient considérés comme des êtres humains à part entière. Puisqu’il n’y avait pas de chrétiens sur ces terres, elles étaient considérées comme inoccupées, et donc ouvertes à la colonisation européenne et à l’assimilation et la subordination des peuples.

Cette doctrine a profondément marqué la façon dont les peuples des Premières Nations sont perçus par les non-Autochtones du Canada.

Le principe connexe de terra nullius (« terre n’appartenant à personne »), selon lequel les peuples occupant les terres avant l’arrivée des chrétiens occidentaux n’avaient ni titre ni droits, a contribué à l’assujettissement des peuples autochtones par tous les moyens possibles et imaginables. Le racisme a pris racine.

Selon la Commission de vérité et réconciliation, « La croyance sous-jacente à chacun de ces arguments est que les colonisateurs offraient la civilisation à un peuple sauvage qui n’aurait jamais pu en faire autant par lui-même ». Cette croyance a laissé son empreinte sur toute la société. De l’enseignement de l’histoire à la toponymie, en passant par les revendications territoriales et le système judiciaire, cette vision coloniale et raciste touche tous les aspects de notre vie quotidienne, qu’on soit Autochtone ou non-Autochtone.

C’est pour cette raison que la Commission, dans ses Appels à l’action, a demandé aux Églises de répudier la doctrine de la découverte. En 2012, l’Église Unie du Canada avait déjà déclaré qu’elle rejetait cette doctrine. Dans sa déclaration, l’Église reconnaît que les fondements spirituels et idéologiques de la doctrine enfreignent les enseignements essentiels des évangiles. Ces enseignements exigent que les personnes de foi se dressent contre l’Empire et les structures sociales dominantes, prennent grand soin des ressources de Dieu et les partagent avec toute l’humanité, et s’aiment les uns les autres comme Dieu nous aime.

L’adoption de la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones comme cadre de la réconciliation et la revendication de cette action par le gouvernement canadien sont des démarches importantes de l’Église dans son ensemble. Mais au-delà des déclarations, comment concrétiser ce rejet de la doctrine de la découverte?

Dans les communautés de foi, qu’il s’agisse d’une paroisse ou d’un groupe œcuménique, la pratique de la reconnaissance du territoire peut être un pas sur le chemin vers la réconciliation. La reconnaissance du territoire se bute directement à ces doctrines coloniales et racistes, héritées du passé et tissées dans toutes les fibres de la société d’aujourd’hui.

En janvier cette année, la pasteure Cecile Fausak relatait dans un article du Devoir l’intégration de cette pratique dans la vie d’une paroisse de l’Église Unie. Une déclaration de reconnaissance du territoire ancestral est faite au début de chaque culte, et celle-ci paraît aussi dans le feuillet imprimé : « Ceci avait besoin d’arriver. Ça crée une sorte de changement de perspective [et les gens se disent] « Pourquoi faisons-nous cela? Qu’est-ce que ça veut dire? » et c’est un bon chemin vers le questionnement pour entreprendre [des démarches] »1.

L’adoption de cette pratique ne saurait, à elle seule, constituer un pas vers la réconciliation si elle n’est pas accompagnée d’une réflexion plus approfondie et de la recherche de relations justes fondées sur le respect et l’humilité. Mais, pour reprendre les paroles de Martin Luther King Jr., avoir la foi, c’est monter la première marche lorsqu’on ne voit pas tout l’escalier. En intégrant la reconnaissance du territoire des premiers peuples dans ses activités, une communauté de foi peut commencer à défaire les liens d’un sombre passé qui entravent le chemin vers la réconciliation, et ouvrir de nouvelles voies pour l’avenir.

1 , Le Devoir, 14 janvier 2017.

 

Ressources utiles :

(ACPPU)

Le peuple invisible, film de Richard Desjardins et Robert Monderie

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *