David Mandessi Diop, poète sénégalais et professeur de lettres classiques, est né le 9 juillet 1927 à Bordeaux, d’un père sénégalais, Mamadou Diop Yandé et d’une mère camerounaise, Maria Mandessi Bell. Il devient orphelin de père en 1935, à l’âge de huit ans. David, qui porte le nom de son grand-père maternel David Mandessi-Bell, sera élevé par sa mère, en même temps que ses deux frères et trois autres soeurs. Il meurt en août 1960 dans un mystérieux accident d’avion, au large des côtes sénégalaises.
De santé fragile, David passe une grande partie de son enfance dans les hôpitaux en France – notamment pendant la période de l’occupation et de la guerre. Il entre d’abord en Faculté de Médecine, puis se tourne vers les lettres modernes. Au cours de ses études, David a Léopold Sédar Senghor, un lointain oncle, comme professeur et mentor. Après avoir obtenu sa licence, il part pour le Sénégal où il enseigne au lycée Maurice Delafosse.
Ses premiers poèmes sont publiés dans la revue Présence Africaine, et reproduits par Léopold Sédar Senghor dans son Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française en 1948. En 1958, comme beaucoup d’autres, David Diop répond à l’appel de Sékou Touré et part enseigner à Kindia (Guinée), où il accepte en tant que membre du Parti africain de l’indépendance (PAI) d’assurer les fonctions de directeur de l’École normale.
Plus d‘un enfant africain connait par cœur son poème Afrique, mon Afrique tiré du recueil Coups de pilon :
Afrique mon Afrique
Afrique des fiers guerriers dans les savanes ancestrales
Afrique que chante ma grand-mère
Au bord de son fleuve lointain
Je ne t’ai jamais connue
Mais mon regard est plein de ton sang
Ton beau sang noir à travers les champs répandu
Le sang de ta sueur
La sueur de ton travail
Le travail de l’esclavage
L’esclavage de tes enfants
Afrique dis-moi Afrique
Est-ce donc toi ce dos qui se courbe
Et se couche sous le poids de l’humilité
Ce dos tremblant à zébrures rouges
Qui dit oui au fouet sur les routes de midi
Alors gravement une voix me répondit
Fils impétueux cet arbre robuste et jeune
Cet arbre là-bas
Splendidement seul au milieu des fleurs blanches et fanées
C’est L’Afrique, ton Afrique qui repousse
Qui repousse patiemment obstinément
Et dont les fruits ont peu à peu
L’amère saveur de la liberté.
Bibliographie
Sana Camara, La poésie sénégalaise d’expression française, 1945-1982, L’Harmattan, 2011, p. 119-142 (ISBN 9782296102996)
Maria Diop, Biographie de David Léon Mandessi Diop, Présence africaine, Paris, 1980, 36 p. (ISBN 9782708703872)
Samuel Ade Ojo, « Coups de pilon : recueil de poèmes de David Diop », in Dictionnaire des œuvres littéraires négro-africaines de langue française des origines à 1978, sous la direction de Ambroise Kom, Canada, Québec, A.C.C.T. et Éditions Naâman de Sherbrooke, 1983, p. 152-154.
Filmographie
David Mandessi Diop, poète de l’amour, film réalisé par son fils David Ika Diop, 1987, 16 mm.