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Cheikh Anta Diop

Plaque en hommage à Cheikh Anta Diop, 31 rue des Écoles (Paris, 5e). Photo : Celette, Wikimedia CC-BY-SA 4.0.

Sa vie, son combat et son œuvre pour la place de l’Afrique dans la civilisation universelle

Le temps de l’Avent est un temps d’ombres et de lumières, de réflexions et de projections. C’est un moment opportun pour considérer la vie et l’œuvre de Cheikh Anta Diop, dans une perspective antiraciste, à la fin de la décennie des personnes d’ascendance africaine centrée sur le triple thème de reconnaissance, justice et développement.

Peu de personnes connaissent l’œuvre de l’anthropologue sénégalais Cheikh Anta Diop (1923-1986) et pourtant nous bénéficions tous de ses travaux de recherches et de sa pugnacité afrocentrique.

Sa contribution est significative dans la vulgarisation de la méthode de datation par le carbone 14. Il a créé le premier laboratoire africain employant cette méthode de datation qui a, par exemple, permis de lever les incertitudes qui pesaient sur l’âge du prétendu linceul de Jésus de Turin.

C’est surtout dans le domaine de l’historiographie de l’histoire africaine et plus particulièrement dans celle de l’Égypte ancienne que Cheikh Anta s’est distingué. C’était un des premiers intellectuels à avoir eu la vision et le courage d’investiguer et de rendre justice à l’histoire africaine précoloniale. Nous lui devons d’avoir établi une fois pour toutes, du moins pour les chercheurs sérieux, que l’Afrique est le berceau de la civilisation humaine.

Avec passion et détermination, il s’est opposé au règne sans partage d’égyptologues occidentaux qui avaient jusqu’alors présenté l’Égypte antique et la civilisation pharaonique sous le prisme du monde hellénique. Cheikh Anta affirma l’antériorité de la civilisation négro-africaine et démontra l’appartenance négroïde des pharaons. Il a combattu toute sa vie durant pour que le monde reconnaisse la place de l’Afrique ainsi que de sa progéniture dans la civilisation universelle.

Son approche multidisciplinaire l’a exposé à des critiques acerbes dans la communauté scientifique de personnes que sa lutte et son militantisme pour la dignité de l’Afrique et des Africains dérangeaient fortement. La vérité est que lui-même était conscient de l’ampleur de la tâche qu’il avait commencée et comptait sans ambages sur les générations africaines qui le suivraient pour la continuer et la soumettre à la rigueur scientifique dont il n’avait pas été capable. Son combat scientifique et culturel, Cheikh Anta Diop le projette également dans l’arène politique, car pour lui, d’une part, la réalité est une, de l’autre, l’histoire n’est pas seulement la narration figée du passé; elle influence le présent et prépare l’avenir. C’est ainsi que foncièrement panafricaniste il jette les jalons (malheureusement sans suite) d’un état fédéral africain.

Parmi ses nombreux ouvrages, retenons Nations nègres et culture : De l’antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l’Afrique Noire d’aujourd’hui (1954), ainsi que Civilisation ou Barbarie : anthropologie sans complaisance (1981).

En 1987, son pays lui fait l’honneur de rebaptiser la prestigieuse université de Dakar qui devient l’université Cheikh Anta Diop (UCAD).

– Samuel Vauvert Dansokho

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